Interview de Shurik'n du groupe de rap français IAM par Thierry Savary
Enregistrée à l'occasion de leur passage à Fri-Son le 16.04.1994.
"Jo", du groupe IAM
Il explique qu'il a toujours été très nerveux, depuis l'enfance. Mais il n'a pas fait trop de bêtises. A 18 ans, il était danseur, il a commencé le hip-hop par le break dance. Il écoutait du rap.
Vers 18 ans il lisait un peu de tout, mais pas de poésie. Il a commencé les arts martiaux très tôt, et il lisait sur les arts martiaux. Il y a toujours une emprunte de la spiritualité qui va avec les arts martiaux.
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La rencontre?
Pour Kheops et Akhenaton, ils se sont rencontrés très tôt, car ils étaient le seul rapper et le seul DJ de la ville de Marseille.
Ils vivent un peu comme une famille dans le sens où ils se voient beaucoup, tous les jours. Ils se connaissent. Depuis 1989, ils se connaissent, puis avec les tournées ils sont vraiment ensemble tous les jours.
Il explique que Marseille n'a jamais été une ville de hip-hop. Les gens faisaient de la danse, du break. Mais pas le micro et les platines.
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Le rap permet de dire des choses qu'on ne peut pas faire en chanson, car dans une chanson il n'y a pas la place. On étale deux phrases dans une mesure dans le rap.
Il y a aussi une différence de buts, il y a peu de chanteurs qui abordent des sujets, et ce sont des gens qui savent écrire. Des gens comme Brassens, Brel, Nougaro. Mais la chanson aujourd'hui n'est pas au niveau.
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Il n'y a pas de mots qu'ils n'utilisent pas. Ils ne se posent pas de limites. Mais ils pensent aussi qu'il n'y a pas besoin d'être vulgaire, on est mieux compris quand on parle clairement.
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Ils parlent du cosmos, dans leurs titres et dans les arts martiaux. L'Egypte et l'Asie sont les deux régions les plus spirituelles. Le cosmos c'est une volonté de resituer l'homme par rapport à son univers. Une re-situation physique et mentale car on est un peu trop prétentieux en ce moment.
Ils parlent des indiens d'Amérique. Shurik'n explique qu'il est en train de découvrir les indiens d'Amérique et leur culture. Ils ont un respect profond pour la nature et veillent à être en harmonie avec elle.
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Il pense que le public comprend le message. Il dit que cela se voit en concert. Il y a des chansons où ils sentent l'adrénaline, et d'autres où tu sens qu'ils écoutent. Ils connaissent le groupe, ils savent très bien qu'il y a des morceaux à texte. Et après les gens viennent dire leur ressenti.
Ils font une balance entre le fun et les choses qui touchent l'âme. Le rap c'est du journalisme urbain.
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Les médias sont une source d'inspiration. Il y a aussi les livres. Et la ville de Marseille.
Ils apprécient quand on parle de leur musique comme d'une musique ethnique. Il pense que les gens ont compris ce qu'était Marseille.
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Ils parlent du concert de Fribourg. Les gens doivent s'attendre à quelque chose de mystique.
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Ils ne se sentent pas comme des porte-paroles. Ils disent ce qu'ils pensent, comme ils le pensent, et sur n'importe quel sujet. Ils ont déjà été qualifiés de subversifs et d'agitateurs.
Mais il pense que les auditeurs ont très bien compris, ils sont de plus en plus nombreux.
La fusion de la technologie et de la grâce de la spiritualité.
Ils travaillent avec toutes les musiques qui leur plaisent. La musique ethnique amène une profondeur à leur musique. Ils travaillent avec des sampler. Le mariage se fait très bien. Il y a aussi une volonté de maintenir la tradition.
Ils font un parallèle entre modernisme et homme, progrès, spiritualité.
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Ils parlent du respect. Ils ont un respect des racines, des parents, respect de certaines valeurs mais sans pousser non plus. Ils ont le respect de leurs racines, d'où ils viennent, de ce qu'ils sont.
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A Marseille, ce qui manque, c'est l'argent. Il parle de jeunes qui travaillent, car les parents ne peuvent pas leur acheter les livres pour aller à l'école. Il y a des gens qui n'ont pas la chance de pouvoir faire des études. Il y a aussi des jeunes qui passent leur vie dans la rue.
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Il parle de voyage astral et de voyage dans l'espace.
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IAM c'est un groupe de scène. Ils ont toujours un bon accueil partout. Pour la scène il faut être complet.
Sur scène, ils essaient de briser la barrière avec le public. La symbiose avec le public se fait souvent dès le début.
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Ils parlent du nombre de choses qu'ils arrivent à dire dans une chanson. Tout cela dépend des tournures de phrases. Il ne faut pas trop compliquer non plus. Il faut penser à la compréhension, et aller au but. Tout dépend de comment le texte est construit. Et pour faire cela la lecture sert beaucoup.
L'écriture n'est pas facile, ils cherchent toujours à pousser plus loin. L'inspiration vient vite. Mais il faut quand même pousser, les textes ne sont jamais de premiers jets.
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Le dernier album est un double album. Ils n'ont plus tourné durant 2 ans. Ils ont changé de label. Et ils ont utilisé le temps pour composer. Ils ont gardé 30 morceaux. Le label était un peu réticent après tout a suivi.
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Ils sont allés mixer l'album aux USA pour le son. Les ingénieurs ont une autre façon de travailler, ils connaissent le rap aussi.
Une fois l'album terminé, dans les mains, il s'est dit que c'était finie t que la deuxième phase commence. C'est la moitié du chemin. Mais ça fait plaisir!
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3 vœux: pouvoir continuer à faire ce qu'il fait pendant très longtemps dans le milieu de la musique et à Marseille. Qu'on comble notre manque de spiritualité en Occident et que cela rééquilibre des choses.