Interview brute de Claude Nobs par Thierry Savary.
Enregistrée en mai 1997.
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À Caux, lieu de résidence de Claude Nobs, c'est le centre de préparation du festival. La communication est très importante et ils sont à la pointe de l’informatique. Ils ont lancé leur site internet il y a 3 ans. C'était dans les premiers et c'est aussi ici que sont conservé les archives du festival et celles, personnelles, de Claude Nobs. Il y a environ 1 million de titres de musique conservés. Pour les archives du festival, il projette de sortir des choses en DVD. C'est ce qui avait séduit Quincy Jones, toutes ces archives sur la musique noire-américaine. Claude Nobs souligne qu'aux USA, il n'y a presque aucun concert de jazz enregistré et presque pas de festival non plus. C'est ce qui fait la valeur de ces archives. Il est content d'avoir fait des investissements pour cela. En général, les artistes viennent 2 jours pour leur concert et souvent, ils montent au chalet. C'est un peu un endroit de détente. Il y a beaucoup de projets qui y sont discutés.
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Les artistes aiment bien venir à Montreux. Il essaie actuellement de négocier la venue de Ray Charles au festival. Le moment où Nobs est le plus tendu, c'est entre le lancement du programme et le début de la vente des billets quand il ne sait pas comment ça va tourner. Ils ont décidé de ne pas augmenter la capacité du festival, mais il y a des animations autour qui se sont beaucoup développés. Il aimerait que cet aspect se développe encore plus et est très heureux que les Montreusiens y participent de manière aussi importante.
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Le festival a baissé ses prix depuis 2 ans. Il estime que c'est possible de venir au jazz avec un petit budget et de bien fêter. Thierry Savary lui demande comment il établit sa programmation. Il y a des projets qui se préparent sur des années (p. ex orchestre symphonique), mais c'est à l'époque du MIDEM à Canne que la programmation commence à se dégager. Claude Nobs connaît la plupart des artistes et élabore directement les projets avec eux, mais il ne fait pas les contrats avec eux, mais avec leurs managers et leurs agents. Les artistes sont payés par la banque. Thierry Savary demande s'il n'est pas fatigué du festival qui fête cette année ses 31 ans. Il répond qu'on lui a posé déjà plusieurs fois la question et qu'il faudra bien s'arrêter un jour et il espère trouver une équipe qui prendra la passation, mais pour l'instant, il a encore la motivation.
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Il est enthousiaste pour les gens et la musique. Il parle de blues avec Eric Clapton et de Ferrari avec Chris Réa. Depuis 1970, il connaît Van Morrison et il a des contacts très cordiaux avec lui. Chuck Berry est connu pour négocier 5000.- dollars de plus à la dernière minute pour monter sur scène. Ce qui le séduit le plus dans l'organisation du festival, c'est de voir le public heureux. Il présente les groupes sur scène, car il les connaît bien et il aime bien le faire rapidement pour laisser la place à la musique. C'est devenu une tradition qu'il monte sur scène pour accompagner un artiste, mais il n'a pas la prétention de se revendiquer artiste.
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Thierry Savary demande si sa manière de percevoir la vie, en passant de la cuisine à la musique, a évoluée. Il a découvert le jazz au travers de l’émission radiophonique "Pour ceux qui aiment le Jazz", animée par Franck Ténot et Daniel Filipacchi. Il doit beaucoup à cette émission et c'est comme ça qu'il en est venu à réaliser un festival de jazz. Thierry Savary souligne que les gens sont moins à cheval maintenant par rapport au fait que Montreux n'est pas un festival uniquement de jazz et Claude Nobs souligne que déjà la seconde année, il y avait des artistes qui n'étaient pas complètement jazz. Pour lui, tant que sur le plan musical et émotionnel ça fonctionne, pourquoi ne pas amener d'autres musiques. Claude Nobs travaille aussi pour la Warner, c'est ce qui le fait vivre. Il s'occupe actuellement d'un projet avec les disques Atlantique. Il fait aussi beaucoup de recherche au niveau des développements de l’informatique. Cela lui permet de créer des liens avec des groupes qui seraient intéressés à jouer au festival.
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Claude Nobs fait partie de la SUISA et il trouve qu'il n'y a pas assez d'appuis pour la culture de la part de la Confédération. Au festival, ils ont la chance d'avoir des sponsors qui font presque du mécénat. Claude Nobs sent bien l'édition de cette années et se réjouis de voir la réaction des gens.