Interview de Patrick Chappatte - brute
- CH BCUF ARCHNUMFR 6855:A:S395-05
- Pièce
- 09.12.1999
Fait partie de Archives film et son
Interview brute du dessinateur de presse suisse Patrick Chappatte par Thierry Savary.
Enregistrée à l'occasion de la sortie de son double ouvrage "Le vingtième siècle ne passera pas", et d'une séance de dédicace avec Barrigue à La Bulle à Fribourg, en décembre 1999.
Thierry Savary rappelle la sortie de l'ouvrage "le vingtième siècle ne passera pas", que Chappatte vient de sortir.
Chappatte explique qu'il voulait une idée original, et reprendre 10 ans d'actualité internationale et suisse.
Chappatte explique qu'il travaille essentiellement pour les journaux "Le Temps" et "Weltwoche". Sortir un album n'est donc pas un exercice auquel il est habitué et il espère trouver son public.
Il parle du dessin de presse, qui a une durée de vie assez courte car il colle à l'air du temps. Pour sortir un album qui retrace 10 ans, il faut trouver des dessins qui ont marché. C'est un exercice intéressant "un exercice de pérennité dans un métier d'éphémère". Il s'interroge sur le futur, de savoir si les générations futures comprendront les dessins de l'ouvrage.
Il parle de la décennie des années 1990, qui part de la chute du mur. I parle d'une décennie sans repères. Il parle d'une décennie qui tourne en rond, surtout pour l'album sur la Suisse.
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Thierry Savary parle de la difficulté de faire du bien avec des dessins de presse alors que la réalité est dure.
Chappatte parle de techniques pour donner du relief et de la symbolique aux dessins de presse. Il préfère le noir et blanc, pour plus de contraste. Cela lui correspond plus.
Il parle des années 1990 pour la Suisse, une décennie qu'il trouve désespérante, et que ses dessins noirs traduisent. Il parle du refus d''entrée dans l'Europe par la Suisse, et ce que cela a eu comme effet sur lui, et au message que cela a renvoyé pour les jeunes. Cela lui a donné l'envie de voyager. Il est parti en 1995 pour 3 ans.
Il donne sa vision de la situation politique suisse.
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Thierry Savary lui demande son avis sur le rôle du dessin de presse.
Chappatte pense que le dessin de presse ne fait rien changer, il ne peut pas modifier une opinion. En revanche, il pense qu'il peut aider et faire du bien les personnes qui pensent de la même manière que le dessinateur. Il y a également des risques, notamment celui de la démagogie. Il souligne l'importance de faire attention avec l'arme de l'humour qu'il a entre ses mains. Il ne cherche pas à aller dans le sens de l'opinion majoritaire. Il veut être une voix originale et indépendante, qui ne plat pas forcément toujours.
Il parle du rire, de son côté libératoire. Il peut aussi avoir d'autres échos. Il cite le Kosovo notamment, qui a créé des fractures et divisé en Suisse. Il explique que cela était difficile pour lui de retranscrire la gravité du propos. Il pense que dans un dessin de presse, plus on s'informe sur un sujet, moins le dessin fonctionne. Il vaut mieux les aborder de manière simple et directe, on ne doit pas faire preuve de didactique mais miser sur la légèreté.
00:18:00
Thierry Savary souligne le fait qu'il n'utilise pas de texte.
Chappatte n'a pas d'a priori. Une majorité de ses dessins utilisent des bulles. Il relève qu'un dessin sans bulle est plus universel, mais il n'a pas de principe.
Thierry Savary et Chappatte parle de l'ouvrage sur la Suisse, et du fait que la majorité des dessins n'ont pas de bulles.
00:20:00
Thierry Savary souligne la jeunesse de Chappatte, et le fait que l'on a tendance à imaginer les dessinateurs de presse comme des gens âgés du fait qu'il faut avoir une grande connaissance des choses.
Chappatte a commencé le dessin de presse à 20 ans. Il est entré dans la presse juste après sa maturité. Les gens sont souvent étonnés par son âge.
00:22:15
Thierry Savary rappelle ses études de journaliste, et ce que cela apporte au dessin de presse.
Chappatte pense que cela n'aide pas forcément, car pour le dessin il vaut mieux être intuitif. En revanche, cela l'a aidé pour lui donner une image du métier dans son ensemble et connaitre le fonctionnement des journalistes. Il a probablement une approche journalistique du métier, même s'il s'est toujours intéressé à la politique et à l'actualité.
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Thierry Savary lui parle de l'inspiration.
Chappatte explique qu'il lui arrive d'avoir des pannes d'inspiration, mais c'est un métier relativement facile et gratifiant car le public et les thèmes sont toujours donnés. Il a des idées tous les jours, mais elles ne sont pas toujours bonnes. Elles se voient, mais elles disparaissent aussi rapidement.
Thierry Savary lui parle de ses talents de dessinateurs, et d'autres possibilités dans le métier.
Chappatte explique qu'il craint la routine, il a peur de s'ennuyer. Il a d'ailleurs voyagé pour se mettre en danger et se remettre en question. Il parle d'un carnet de voyage dessiné réalisé durant un voyage en Amérique latine pour l'Hebdo. Il a aussi voyagé aux Etats-Unis avec sa femme. Il a pu faire des illustrations après un an pour le New York Times. Il parle de l'importance de la ligne rédactionnelle dans le Times. Il explique qu'il a pu faire des dessins de presse déguisés en illustrations.
00:31:15
Il raconte une autre anecdote, un projet de "comice strip" qui est paru durant 4 mois pour le magazine Newsweek. Il est content d'avoir pu faire de l'humour dans une autre langue après 2 ans et demi aux Etats-Unis.
Il également pu faire du journalisme dessiné, des chroniques BD.
Il y a donc plusieurs manières de fuir la routine.
00:35:10
Thierry Savary conclue l'interview en rappelant la parution du coffret de Chappatte et la séance de dédicace prévue à Fribourg.
Chappatte soulève que l'ouvrage est paru également en allemand.
Savary, Thierry