Fonds L 825 - Papiers Joseph GRIVEL (1810-1876)

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Zone d'identification

Cote

CH BCUF L 825

Titre

Papiers Joseph GRIVEL (1810-1876)

Date(s)

  • 1810-1876 (Production)

Niveau de description

Fonds

Étendue matérielle et support

0,1 m.l.

Zone du contexte

Nom du producteur

(1810-1876)

Notice biographique

Fils de Claude-Joseph Grivel (†1832), receveur d’État, et de Rose Blanc, Joseph naquit le 30 août 1810 à Chapelle-sur-Oron (commune de Chapelle, district de la Glâne). Il fit ses études classiques à l’École latine de Châtel-St-Denis dès 1820, puis au collège Saint-Michel de Fribourg. Il entra dans l’administration cantonale où il exerça plusieurs charges : d’abord greffier du juge de paix pour le premier arrondissement du district de Châtel, puis receveur d’État du district de Châtel-St-Denis en remplacement de son père, enfin notaire dans la même localité dès 1834. Il est nommé au poste de secrétaire de la Direction des orphelins du deuxième arrondissement du district de Châtel en septembre 1838.

La politique anticléricale du régime radical instauré dès 1848 à Fribourg suite au Sonderbund, le contraignit à s’exiler à Genève avec sa famille , puis à Lyon où il trouva une place de comptable dans une maison de commerce. C’est vraisemblablement durant cette période qu’il s’initia aux langues orientales et se passionna pour l’assyriologie. Après l’échec des radicaux aux élections de 1856 et le retour des conservateurs au pouvoir, Grivel fut nommé, l’année suivante, trésorier d’État, fonction qu’il exerça pendant douze ans.

Dès son retour à Fribourg, il développa ses connaissances des langues anciennes en suivant, notamment les cours de langue hébraïque donnés par le professeur Johann-Baptist Næf (1827-1911) au Lycée de Fribourg. Cet apprentissage fut rendu difficile d’une part, par sa situation isolée du monde académique et des collections scientifiques, et d’autres part, du fait de ses modestes ressources qui ne lui permettaient pas d’acheter les livres nécessaires. En juin 1866, Grivel écrivit au peintre zurichois August Scheuchzer qui lui donna quelques références bibliographiques sur les hiéroglyphes égyptiens et sur les écritures cunéiformes. Gustave Petitpierre, bibliothécaire à Genève, lui fournit les publications étrangères dont il avait besoin. À ce dernier, Grivel écrivit qu’il avait déjà déchiffré une partie de l’inscription assyrienne de Zurich. Le Fribourgeois chercha également appui et conseils auprès de Jules Oppert, l’un des pères de l’assyriologie, avec qui il entretint une correspondance suivie pendant la rédaction de son premier travail scientifique. En effet, Grivel publia en septembre 1867, le résultat de son déchiffrement de la stèle de Zurich sous le titre Inscription cunéiforme du Musée de Zurich. Texte et traduction. Revu par Oppert, son travail fut lu devant le roi Louis Ier à Munich dont la Glyptothèque conservait une copie des bas-reliefs assyriens comportant le même texte que celui de la stèle de Zurich. Le Dr Ferdinand Keller le remercia au nom de la Société des Antiquaires de Zurich (Antiquarische Gesellschaft in Zürich). Il fit publier une version allemande l’année suivante avec un justificatif pour répondre aux critiques du professeur Ignaz Gaugengihl de Munich et d’August Scheuchzer qui contestaient son interprétation.
En novembre 1867, Joseph Grivel fut nommé directeur de la Caisse d’amortissement de la dette publique (anc. Banque de l’État de Fribourg, aujourd’hui Banque cantonale), activité qu’il exerça jusqu’à la fin de vie. En septembre 1869, il fit un voyage à Londres où il visita le British Museum et rencontra les assyriologues Henry Rawlinson et Henri Fox Talbot. En parallèle, il participa à la fondation de la Revue de la Suisse catholique dont le premier numéro parut en 1869. Il était également membre du Conseil d’administration de l’Imprimerie catholique.
En août 1871, il publia un article philologique sur la polyphonie des caractères cunéiformes intitulé « Le plus ancien dictionnaire » qui parut dans la Revue de la Suisse catholique. Grivel faisait partie des assyriologues qui considéraient l’écriture cunéiforme comme un système de pictogrammes, et non comme un langage mathématique. Ce travail lui valut les éloges de la Revue archéologique de Paris et de plusieurs confrères étrangers dont l’archéologue français Adrien Prévost de Longpérier et l’orientaliste allemand Martin Haug. En juin 1872, la Revue de la Suisse catholique publia un autre de ses travaux, la « Revue critique de l’inscription dite de Borsippa ». Grivel fut sollicité pour devenir membre de la « Society of Biblical Archaelogy » qui publia son troisième article daté du 15 décembre 1873 : « Nemrod et les écritures cunéiformes ».
Grivel semble avoir consacré les dernières années de sa vie à la conception d’un dictionnaire assyrien poursuivant le travail que ne put terminer Edwin Norris (1795-1872). Malheureusement, il ne put lui aussi l’achever, emporté par la mort après une longue maladie le 4 juillet 1876. Son fils Louis, entré à la Caisse d’amortissement en qualité de teneur de livres, puis de chef de la comptabilité, en devint le directeur un après le décès de son père. Lorsque l’institution devint la Banque d’État de Fribourg, il prit la tête de la section commerciale, poste qu’il occupa jusqu’à son décès en 1903.

Histoire archivistique

Dans un article paru dans La Liberté le 31 mars 1904 (reprenant en partie le contenu de l’article d’Hubert Savoy), il est écrit qu’après le décès de Joseph Grivel le 4 juillet 1870, son fils Louis offrit ses manuscrits et ses notes à l’assyriologue anglais William Henry Fox Talbot qui lui suggéra de les déposer au British Museum, et qu’une partie importante de ses papiers serait entre les mains de l’abbé Vigouroux à Paris. Sur la base de ces informations, il a été possible d’établir l’historique de la conservation des documents d’archives.

Quelques mois après le décès de son père, Louis chercha à donner ses notes sur les langues orientales à plusieurs orientalistes français et anglais. Il songea dans un premier temps au professeur Adrien de Prévost Longpérier, président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à Paris. Sans réponse de sa part, il proposa ensuite les manuscrits relatifs à l’assyriologie à William Henry Fox Talbot, offre à laquelle Fox Talbot répondit en lui suggérant de les déposer dans une bibliothèque, en particulier celle rattachée au British Museum, et, pour ce faire, de s’adresser à Samuel Birch, le chef du département oriental du British Museum. Toutefois, dans une lettre écrite à Fox Talbot, Birch semblait peu enthousiasmé par ce don potentiel, laissant entendre que Louis Grivel surévaluait la portée du travail de son père. Il semblerait que les démarches entreprises en Angleterre n’aient donc pas abouti, au contraire de celles en France.

Dans le premier article biographique consacré à Joseph Grivel, publié en 1878 dans la Revue de la Suisse catholique, son auteur, l’abbé Grégoire Fulcran Vigouroux décrivit le contenu des documents de l’assyriologue fribourgeois en sa possession :

«Essayons néanmoins de dire quelques mots des manuscrits laissés par M. Grivel, et de ces travaux énormes par lesquels il s’était préparé aux travaux qui ont paru au grand jour de la publicité. Bien des essais, beaucoup de pages plus ou moins importantes sorties de sa plume ont certainement été détruites par lui, mais ce qui a survécu mérite d’être indiqué.
M. Grivel n’a rien publié dans le domaine égyptologique ; il avait cependant étudié avec beaucoup de soin les hiéroglyphes : les papiers qu’il a laissés contiennent deux gros cahiers remplis de copies et d’analyses soignées de textes égyptiens. On n’y rencontre rien d’original, mais c’est une preuve nouvelle de l’attrait irrésistible qui le portait vers l’étude de toutes les langues propres à aider le savant dans l’intelligence de nos livres saints. Ses cahiers renferment aussi des traductions de l’hébreu et de l’éthiopien, comme des cunéiformes perses et aussi du sanscrit, dont il s’était occupé, sans doute pour mieux comprendre l’ancien perse.
Naturellement l’assyrien occupe de beaucoup la plus large place dans les manuscrits de M. Grivel. Il reprenait pour son compte et pour ses études personnelles la plupart des traductions publiées par les assyriologues ; il transcrivait le texte tout au long et il s’efforçait alors d’en pénétrer lui-même le sens, acceptant ce qui lui paraissait pas juste, laissant en blanc les phrases ou les mots dont il ne pouvait saisir la signification. On conçoit sans peine combien un pareil travail, continué pendant plusieurs années.
C’est ainsi que M. Grivel avait entrepris la traduction des passages assyriens cités par M. Schrader dans ses Keilinschriften und das Alte Testament, de même que des textes dont M. François Lenormant a donné la version dans son livre de la Magie chez les Chaldéens. Un énorme cahier in-folio renferme la traduction interlinéaire de toutes les grandes inscriptions historiques des rois d’Assyrie et des inscriptions de Nabuchodonosor, roi de Babylone. Une dizaine de cahiers de grandeur moyenne sont remplis d’études sur les syllabaires et sur les inscriptions diverses contenues dans les Western Asiatic Inscriptions, publiées par le Musée Britannique. La Grammaire assyrienne de M. Ménant d’abord, puis celle de M. Sayce, lui avaient fourni également l’occasion de remarques, d’analyses et d’études assez importantes.
Mais l’œuvre manuscrite capitale de M. Grivel est une collection considérable de matériaux pour un dictionnaire assyrien. Il a recommencé ce travail jusqu’à trois fois et chaque fois dans des proportions beaucoup plus vastes. Son troisième travail est contenu dans un gros in-folio qui est une mine précieuse pour l’assyriologue. Il n’existe pas encore de vocabulaire complet de la langue assyrienne. Le correspondant et l’ami de M. Grivel, M. Edwin Norris, qui avait entrepris cette tâche, est mort avant de l’avoir menée à bonne fin : il n’a paru que trois parties de son travail qui aurait dû en avoir cinq ou six. Tous ceux qui se livrent à l’étude de l’assyrien sont donc obligés de se faire à eux-mêmes, au jour le jour, leur dictionnaire. Le savant fribourgeois, dans cette œuvre quotidienne, avait recueilli des trésors. Dans une première colonne il écrivait le mot assyrien en caractères cunéiformes, dans une seconde, il le transcrivait en caractère latins, dans une troisième, il indiquait le sens, quand il le connaissait, et il renvoyait aux textes où il l’avait trouvé. Souvent le mot hébreu analogue est reproduit dans cette troisième colonne.
Malheureusement nous ne pouvons pas décrire le plan de l’auteur : un dictionnaire ne s’analyse pas. Il ne nous est pas davantage possible de faire connaître en détail les autres manuscrits de M. Grivel, il nous faut nous borner, après avoir indiqué déjà leur contenu, à choisir quelques-unes des traductions les plus intéressantes qu’il nous a laissées, pour les communiquer au lecteur. Le travail de l’assyriologue fribourgeois n’aura pas ainsi été vain et il servira à donner une idée de la littérature et de la civilisation de Ninive.»

L’abbé Vigouroux est décédé à Paris en 1915. En tant que membre de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, il est possible qu’une partie des papiers de Joseph Grivel ait été incorporée dans les archives de l’abbé à la maison généralice de la Compagnie à Paris. Deux cartons renfermant les textes manuscrits de l’abbé y sont conservés mais ces archives n’ont pas encore été inventoriées. Elles contiendraient surtout les articles du Dictionnaire de la Bible, son œuvre la plus importante. Fulcran Vigouroux ayant présidé la Commission biblique pontificale, peut-être subsiste-t-il des documents aux Archives Vaticanes ou à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. En outre, l’abbé écrit que les notes de Grivel sur la Grammaire assyrienne de François Ménant ont été remises au «R. P. Delâtre» . Il peut s’agir du jésuite Alphonse Delattre (1841-1928) assyriologue et exégète belge, ou Alfred-Louis Delattre (1850-1932), père blanc français spécialisé dans l’archéologie chrétienne et punique.

Le reliquat des papiers du savant fribourgeois a probablement été déposés à la Bibliothèque cantonale après le décès de Louis Grivel, survenu le 17 avril 1903. Car, un mois avant sa mort, l’institution obtint, par l’intermédiaire de l’abbé François Ducrest, une «dizaine d’exemplaires de l’Inscription de Zurich, quelques notes manuscrites, l’autographe du roi Louis Ier de Bavière et surtout plusieurs lettres signées des assyriologues les plus célèbres : M. Jules Oppert, Rawlinson, Edwin Norris, Georges Schmith <sic>, Fox Talbot, Haugh, etc.» .

Les documents furent l’objet d’une conférence donnée à la Grenette de Fribourg par Hubert Savoy, le 18 décembre 1903, et le sujet d’un article donnant une liste non exhaustive des lettres adressées à Joseph et Louis Grivel. La correspondance a ensuite servi à la rédaction d’une plaquette par l’archéologue genevois Alfred Boissier en 1912, et enfin à un article de Florenzo Monteleone, bibliothécaire à la BCU, publié en 1960 dans La Liberté.
(lire également les information de la section "Mode de classement")

Source immédiate d'acquisition ou de transfert

Les papiers ont probablement été donnés à la BCU peu après le décès de Louis Grivel en 1903 par l’entremise de l’abbé François Ducrest
(lire également les informations de la section "Historique archivistique")

Zone du contenu et de la structure

Portée et contenu

  • correspondance scientifique, documents personnels, notes de travail, travaux de transcription et de traduction. Contient également quelques documents du père de Joseph, Claude-Joseph (†1832), et de son fils Louis (1838-1903).

Évaluation, élimination et calendrier de conservation

Accroissements

Mode de classement

À l’origine, les papiers occupaient deux porte-documents cartonnés cotés dans les « Varia » (LD 15/9/1). Le 7 juin 1990, les papiers, toujours dans les porte-documents étaient classés sous la cote « L 825 ». Les lettres composant la correspondance ont été pré-inventoriées et numérotées au crayon rouge et bleu par Florenzo Monteleone. Lors de ce pré-inventaire, quatre lettres d’Henri Fox Tablot citées par Hubert Savoy étaient manquantes et non pas été retrouvées. De même, une seule lettre envoyée par Gustave Petitpierre datée du 10 novembre 1866 est mentionnée par Savoy, alors qu’il existe une deuxième lettre du 2 mars 1867. Les documents ont été classés par nature (papiers personnels, correspondance, notes de cours et travaux préparatoires), et par langues orientales étudiées.

Zone des conditions d'accès et d'utilisation

Conditions d’accès

Aucune restriction d'accès à la consultation

Conditions de reproduction

Aucune modalité particulière concernant l'utilisation et la reproduction

Langue des documents

  • allemand
  • anglais
  • égyptien ancien
  • français
  • grec
  • hébreu
  • latin

Écriture des documents

Notes de langue et graphie

Caractéristiques matérielle et contraintes techniques

Instruments de recherche

Inventaire du fonds consultable à la Bibliothèque cantonale et universitaire, Fribourg sous forme papier ou numérique

Zone des sources complémentaires

Existence et lieu de conservation des originaux

Existence et lieu de conservation des copies

Unités de description associées

Descriptions associées

Note de publication

Alfred BOISSIER, « Notice sur quelques monuments assyriens à l’université de Zurich ». Genève 1912, p. 37-49.
Georges CORPATAUX, art. « Grivel », dans : Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, t. 3, Neuchâtel 1926, p. 637.
« M. Joseph Grivel », dans : Nouvelles Étrennes fribourgeoises, Fribourg 11 (1877), p. 16-17.
« M. Louis Grivel », dans : Nouvelles Étrennes fribourgeoises, Fribourg 38 (1904), p. 77-79.
The Correspondance de William Henry Fox Talbot [en ligne]. 2003 [Consultée le 08.01.2020]. Disponible à l’adresse : http://foxtalbot.dmu.ac.uk/letters/letters.html
Florenzo MONTELEONE, « De Fribourg à l’antique Chaldée. Le premier assyriologue suisse. Joseph Grivel 30 août 1810 - 4 juillet 1876 » , dans : La Liberté, 30.08.1960, p. 5.
François POUILLON, Dictionnaire des orientalistes de langue française. Paris 2008, p. 277-279.
Hubert SAVOY, « Le premier assyriologue suisse : Joseph Grivel, 1810-1876 », dans : Revue de Fribourg. Fribourg, mars 1904, 16 p.
Fulcran Grégoire VIGOUROUX, « Le premier assyriologue suisse : biographie de M. Joseph Grivel (1810-1876) », dans : Revue de la Suisse catholique. Fribourg, 10 (1878/79), p. 166-184.

Zone des notes

Note

Mention pour citation : Fribourg, B.C.U., Papiers Joseph Grivel (L 825)

Identifiant(s) alternatif(s)

No RERO

R007595646

Cote pré-migration

L 825

Mots-clés

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Règles et/ou conventions utilisées

Statut

Niveau de détail

Dates de production, de révision, de suppression

Inventaire dressé par Caroline Arbellay. 2021

Langue(s)

Écriture(s)

Sources

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