Interview de Jil Caplan, chanteuse, par Thierry Savary.

Parle de ses débuts, avec Jay Alanski. Ils se sont rencontrés il y a 4 ans. Jil Caplan ne se destinait pas à la chanson, a fait une école de théâtre. A rencontré Jay Alanski qui lui a écrit des chansons et l'a beaucoup aidé. Elle dit qu'il a changé le cours de sa vie. Se sont rencontrés dans un studio d'enregistrement, avec des amis communs. Ont découverts qu'ils avaient beaucoup de goûts en communs au niveau littéraire et musical.
Le nouvel album, "La charmeuse de serpent", a été élaboré durant 3 ans. Son deuxième album, a pris plus de temps pour réfléchir, dire ce qu'elle voulait faire, quels instruments, etc. Elle voulait beaucoup d'instruments acoustiques, comme des violons, des guitares, des cithares.
Elle aime les instruments comme la cithare, le marimba, les sons inattendus, ils rappellent l'eau. Elle aime bien les effets un peu bizarres et changer un peu les sons, les rendre inattendus. Sa musique va être de plus en plus épurée, avec des sons toujours plus inattendus.
Journée type de studio. Jay et les musiciens arrivaient avant et se mettaient en place avant qu'elle arrive. Les enregistrements des voix n'ont pas été faits d'un coup, plusieurs prises chaque jour et cela permet de garder les meilleures prises.
Les odeurs invoquent pour elle des possibilités, l'encens la décontracte. Les odeurs peuvent être rassurantes.
Pour l'album, elle n'a subi aucune pression de la maison de disque. Elle était complétement libre.
Le mixage de l'album ne l'a pas vraiment intéressée, a donné son avis sur les versions finales, mais a quand même donné son avis. A pu choisir selon les impressions d'ensemble.
Elle travaille avec une équipe, elle a le contrôle de tout ce qu'elle fait. On lui propose des choses mais c'est elle qui choisit, son avis qui prime. L'essentiel c'est d'être d'accord, souvent l'enthousiasme aide à la prise de décision. Elle est aussi entourée de managers. Elle se sent très libre, pense que cela ne rime à rien de faire des concessions. Il faut être content de son propre travail.
Le métier de chanteur s'apprend? Elle a appris à se taire, elle a appris ce qu'il faut dire ou non. Elle a appris à se méfier et à attendre.
Elle n'a pas travaillé sa voix, car elle pense, à tort selon elle, qu'elle s'en sortira toujours. C'est un métier ou il faut sentir les choses. Ce qui l'intéresse c'est de chanter, de rencontrer des musiciens et faire de la scène.
La musique la touche plus que les paroles. Elle ressent l'émotion de la voix et de la musique.
Quand elle chante, les textes ne lui invoquent rien, mais quand elle écoute ses chanson oui. Quand elle chante, elle ressent seulement.
Elle est de nature rêveuse.
Il faut être solide pour faire le métier de chanteuse, cela demande de la force et il ne faut pas être trop sensible et avoir une vie équilibrée à côté du métier. Ce qui n'est pas facile car c'est un métier qui appelle au déséquilibre. Mais en même temps accepter d'être faible à certains moments, et accepter cette faiblesse c'est une force.
Ce qui lui plait le plus dans le métier c'est chanter, être dans un studio ou sur une scène. Elle aime aussi construire ses propres clips, les réaliser elle-même. Aime aussi penser et construire la forme de son spectacle.
Elle conseille aux jeunes qui aimeraient se lancer dans la chanson de travailler et d'être honnête.
Son plus grand bonheur dans sa carrière c'est quand elle a entendu la maquette de son deuxième album.
Il y a des gens qu'elle a choisi de ne pas revoir, car ils appartiennent au passé, et d'autres gens qu'elle voit encore depuis qu'elle est devenue chanteuse. Elle a de moins en moins d'amis, comme si elle s'enfermait de plus en plus. Mais cela ne découle pas de son succès.
Elle adore voyager, il y a trop de choses à voir. Son rêve serait de pouvoir habiter dans chaque pays du monde pendant un an.
C'est une personne qui sent beaucoup les choses, mais elle a appris à moins se laisser porter par ses émotions et plus réfléchir.
Il y a des gens qu'elle admire et respecte, mais elle apprécie surtout les histoires des gens. Aime peut-être plus rencontrer un inconnu.
Ne pourrait pas abandonner sa carrière pour un idéal, on peut concilier les deux. Malsain d'abandonner sa carrière pour quelqu'un. Si on est épanoui dans sa vie, on fait forcément attention aux autres. Quelqu'un d'égoïste c'est quelqu'un qui se cherche encore dans sa propre vie.
La musique a toujours fait partie de sa vie. Elle a eu trois grandes étapes: les Beatles, David Bowie et le punk. Elle pense qu'il faut vivre en harmonie avec la musique, en fonction de sa vie et ses émotions.
Trois vœux:
Avoir le don d'ubiquité, être à plusieurs endroits au même moment, pouvoir vivre plein de vies car une seule vie ne suffit pas.
Etre dans la peau d'un homme pendant une semaine, pour décrypter, pour connaître comment un homme ressens les choses.
Pouvoir se mettre dans le cerveau des gens.

Interview de la chanteuse française Jil Caplan par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de la sortie de son album "Avant qu'il ne soit trop tard", en octobre 1993.

Jil Caplan explique que devenir chanteuse n'était pas vraiment un rêve d'enfant car sa grand-mère était chanteuse et le métier a été démystifié à cause de cela. Elle voulait être médecin.
Ils essaient de faire un parallèle entre la médecine et la chanson. Chanter ne peut pas guérir les âmes, mais quand on chante on se sent mieux, plus forts. Peut-être que cela peut aider les gens à grandir.

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Elle parle du rôle de la musique, il y a un rôle pour celui qui la pratique et pour celui qui écoute. La musique est faite pour être écoutée. Elle pense donc que d'être populaire c'est plutôt bien, même si parfois les gens n'écoutent pas vraiment les paroles. Elle pense que transmettre ce que l'on ressent à travers la musique c'est très important.

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Grâce aux textes, on peut litre entre les lignes et savoir beaucoup d'elle. Mais elle parle d'états d'âmes, de sensations. Elle parle de choses qu'elle a ressenties sans expliquer pourquoi elle les a ressenties.
Le but c'est de savoir lire sa vie, pourquoi on reproduit les mêmes schémas. Il faut comprendre pourquoi les choses arrivent pour pouvoir avancer dans sa vie. Il faut beaucoup de temps avant de savoir qui l'on est. Au fil de la vie on se laisse modeler par les gens qu'on rencontre, et un jour on doit trouver qui on est vraiment.

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Sa relation avec Jay Alanski l'aide beaucoup pour avancer dans sa vie, sa recherche d'elle-même. Mais la musique en soi ne peut pas aider, elle peut peut-être juste canaliser les choses.
Elle ne travaille qu'avec Jay Alanski depuis des années, c'est lui qui écrit les textes.

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Il la connait très bien. Il a du recul. Il la connait mieux que personne, c'est une des personnes les plus proches de sa vie.

Elle signe quand même 2 textes dans ce nouvel album. Elle trouve que c'est beaucoup de travail. Elle aimerait en faire plus. Même si c'est difficile, il y a un peu de paresse.
Pour la musique elle va laisser faire Jay Alanski mais elle a envie d'écrire plus de textes.

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Il y a eu 3 ans entre l'album précédent et celui-ci. Elle explique qu'après la sortie d'un album il y a plus de deux ans de promo et de tournée de concerts. Il faut aussi se reposer un peu après la tournée car c'est fatiguant.
Elle n'avait jamais fait de scène avant. Elle a appris beaucoup. Elle a compris que ce n'était pas un rapport de force entre elle et le public, un combat. Mais en fait elle s'est aperçue que les gens viennent pour être séduits, le public est prêt à marcher. Si on touche le public, il est acquis.
La scène l'a aussi aidée pour la manière de chanter, car sur scène on ne peut pas réfléchir autant qu'en studio. Il y a des ratés parfois.
Sur scène on est différent, mais aussi au cœur de soi-même, on oublie les masques qu'on porte. Elle a le trac mais n'a pas peur avant de monter sur scène.

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Elle voit le chant comme une création à part entière alors qu'avant non. Le fait de chanter, moduler les phrases c'est quelque chose qu'elle adore, et chanter devient de plus en plus important, l'énergie qu'elle a en chantant c'est devenu un besoin. Cela lui permet de trouver un équilibre dans sa vie. Chanter la rend heureuse. Elle n'envisage pas de ne plus chanter.

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Elle parle de sa chanson "La grande malle". Le titre les inspirait elle et Jay Alanski. Elle a composé un texte, et Jay a composé une musique. Puis Jay Alanski a aussi écrit un texte avec une autre musique. Puis ils ont décidé de faire un morceau instrumental, comme une plage de détente dans l'album. Leur point commun c'est la légèreté, la gaieté.

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Cet album est plus grave que les autres. Plus grave. Dans ces albums précédents il y avait une urgence qui correspondait à sa situation alors.
Ce n'est pas un album triste, les arrangements sont faits de manière à paraitre plus bruts. Il y a eu un gros travail pour le mariage de sa voix et de la guitare qui ont la même fréquence. L'album a pris un an pour être fait, ce qui est très long. Il y a eu des chansons plus compliquées. C'est pénible et épuisant, il y a des moments de découragement. Mais lorsqu'on trouve la bonne manière c'est très gratifiant. Inversement il y a des titres qui vont très vite.

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Elle parle du mensonge. Le mensonge prend une part importante de nos vies, parfois à notre insu. Elle parle du mensonge qui fait que l'on se déguise d'une manière perpétuelle et qui fait que l'on croit que certaines personnes ou certaines choses sont bonnes pour nous, mais en réalité non. Et au final on se retrouve avec des choses qui ne nous appartiennent pas, et les gens ont une fausse perception de nous. Elle essaie de se débarrasser du mensonge, car cela peut faire énormément de mal. Elle essaie de prendre du recul, de se demander si c'est bon pour elle ou non. Parfois le subconscient répond de lui-même pendant la nuit.

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Elle ne fait jamais de maquette. Ils font une session de répétition avant d'aller en studio pour se familiariser avec les chansons. Ils ne le font que les deux, personne n'écoute ces chansons. Puis en studio ils sont trois. Jay Alanski joue les claviers. Elle explique qu'il n'y a pas de batteur sur ses albums. Puis elle chante directement, ce qui donne des directions.