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Savary, Thierry
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Interview de Pascal Obispo

Interview du chanteur français Pascal Obispo par Thierry Savary.

Pascal Obispo explique qu'il faisait des imitations quand il était petit, mais que son vrai déclic musical a eu lieu en écoutant Elvis Presley, les Beatles, et surtout la chanson "Message in a bottle" de Police alors qu'il avait 15 ans. C'est à ce moment-là qu’il commence à faire de la musique.
C'est un musicien autodidacte. Il a pris quelques cours de guitare, puis a appris tout seul, grâce à l'oreille musicale. Il a débuté tard, vers 16-17 ans. Avec ses amis ils ont fait un groupe et lui jouait de la guitare.

00:02:20
Ils parlent du parallèle entre la musique et le sport. C'est un moyen de se sortir de son milieu. Quand on encaisse beaucoup, on a beaucoup de choses é donner, à évacuer.

00:03:45
Sa mère avait d'autres ambitions pour lui au début, puis elle s'est rendu compte que c'était fort. Maintenant elle le soutien.

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Il vient de Rennes, un milieu qui était assez sombre. Il a débuté là-dedans, il ne correspondait peut-être pas vraiment à cet environnement. Puis il a dû aller ailleurs pour développer ce qu’il avait envie de faire et entendre. Il voulait découvrir d'autres univers musicaux. La new wave lui a permis de découvrir les instruments électroniques, puis s'en distancer. Maintenant il n'utilise que des vrais instruments, toutes ses chansons peuvent être jouées en acoustique.

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Il parle du moment où il a décidé de devenir professionnel. Il est venu à Paris, il a travaillé à la Fnac où il pouvait écouter beaucoup de choses. Il a pu affiner son style, définir dans quel courant il voulait aller. La musique c'est quitte ou double.

00:08:30
On ne peut pas se permettre de douter quand on veut aller loin. Il n'a jamais douté, il faut de la passion et du travail. Mais aussi de la chance, de trouver au bon moment la personne qui a envie d'écouter ce qu'on lui propose.
Il a toujours fait ce qu'il avait envie de faire, il s'est toujours fixé des objectifs, des paliers, qu'il a toujours atteints. Il suffit de ne pas aller à contre-courant, et d'avoir une ligne de conduite.
Il ne fait pas de concession. Sa force c'est de faire quelque chose de sincère et certainement un peu maladroit. Il fait quelque chose d'authentique. Il se cale sur les marginaux de l'époque, Gainsbourg,...
Il a envie de faire de la chanson intemporelle.

00:11:30
Il parle du fait d'entendre des gens chanter ses chansons. Il a fait une tournée acoustique. C'est un grand moment, au début ça surprend, mais en même temps il fait ce métier pour ça. Il n'a pas envie de faire des chansons trop faciles, il souligne l'importance des arrangements, qui peuvent changer une chanson.
Il avait envie de faire de la musique dans un style un peu planant, rêveur. Le romantisme exacerbé lui plait.

00:14:00
Il parle du studio d'Abbey Road. Il a une acoustique particulière. En plus c'est un lieu magique, qui rend fou.
Il ne voulait pas être chanteur depuis petit. Il a fait de la musique, de la guitare, puis il a commencé à chanter. Mais il a dû travailler, il essaie encore de développer des choses.

00:15:45
Il parle du fait de chanter en voix de tête. Il a remarqué que pour se démarquer, pour être original il fallait quelque chose. Il a commencé à chanter en voix de tête, et maintenant c'est devenu un style.

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Il écrit des chansons quand il a besoin d'écrire, de prendre sa guitare et trouver de nouvelles mélodies ou de dire quelque chose. Il en a pas mal, mais il va faire une sélection d'une quinzaine de chansons. La sélection s'opère au niveau de la durée de vie d'une chanson. Il est un peu angoissé, donc il écrit beaucoup pour avoir plus de choix.

00:19:10
Il parle de sa collaboration avec Zazie. Ils s'entendent bien. Ils n'ont pas les mêmes influences musicales, elle est très marquée par la musique africaine et Peter Gabriel. Lui est plus Gainsbourg ou Polnareff, mais quand ils travaillent ensemble tout se passe très bien, leur voix collent bien ensemble.

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Il a toujours fonctionné par panel. Même pour ses petites amies. Pour les chansons c'est pareil. Il a des amis, des gens dont il connait les goûts et il sait par rapport à leurs réactions ce qu'il doit faire.

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C'est son premier album en solo. Il a déjà sorti des choses avec Marquis de Sade et Senso.

Il parle de sa réaction en voyant l'album. Ça fait plaisir. Mais il n'y a pas vraiment de surprise, car on a passé tellement de temps de travail dessus.

00:23:25
Il parle des victoires de la musique. Il fait une métaphore avec une course de formule 1, au sujet du prix de la révélation qu'il n'a pas eu.

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Il aime aussi beaucoup le cinéma. Il essaie aussi de lire, de se cultiver un peu. Il écrit beaucoup, il passe beaucoup de temps chez lui à travailler.

00:25:45
TS fait un parallèle entre l'album et le cinéma. Pascal Obispo est content, il pense qu'on peut voir ses chansons comme des films. Il explique que les arrangements sont travaillés dans la même optique. Il est très influencé par les musiques de films pour les arrangements. Ses nouvelles chansons sont aussi dans le même style, créer des ambiances et balader l'auditeur avec des mots et la musique au lieu des images, et créer des climats.

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Il faut beaucoup d'imagination, il ne peut pas écrire sa musique sans la penser, sans l'écouter. Il a toujours eu l'oreille musicale. Il a toujours aimé la mélodie et les arrangements.

00:28:45
3 vœux: un enfant avant 30 ans, un album pour quelqu'un d'autre et une musique de film.

Savary, Thierry

Interview du groupe des Seychelles

Interview des artistes invités pour représenter les Seychelles au Montreux Jazz festival 1993 par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leurs concerts au Montreux Jazz festival en juillet 1993.

Les cinq chanteurs et chanteuses principaux se présentent. Ils sont avec des musiciens, des cuisiniers, des danseurs, ...
Ils sont à Montreux pour donner envie aux gens d'aller aux Seychelles et promouvoir leur culture.
Ils expliquent comment s'est fait la sélection des chansons.

00:01:50
Ils expliquent qu'ils sont connus aux Seychelles. Ce ne sont pas les seuls mais ils ont choisis de venir. Ils voient aussi une opportunité d'être à Montreux pour se faire connaître.

00:03:00
Patrick, l'instigateur du projet explique qu'il voulait donner un coup de main aux chanteurs et chanteuses des Seychelles. Dans un petit pays comme les Seychelles c'est plus difficile de se faire connaître et de rencontrer d'autres personnes.
Il pense que ça peut être dangereux de trop défendre sa culture car on peut se renfermer. Le but du groupe c'est de partager leurs racines mais aussi d'autres sentiments,

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Ils parlent des styles de musiques que l'on trouve aux Seychelles. Le séga, la moutia, la contredanse, mais aussi des musiques moins traditionnelles comme le reggae, rap, et même house music.
La musique est très importante aux Seychelles, la musique est toujours présente.

00:07:15
C'est difficile d'être musicien aux Seychelles car c'est un petit pays avec peu d'ouverture, il faut trouver du financement et faire de grands sacrifices.
Ils insistent sur le fait que même si le pays est petit, il y a de grands talents aux Seychelles.

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Ils avaient déjà envie de faire de la musique depuis leur enfance. Ils ont fait le choix de la musique très jeunes.

00:10:30
Ils parlent de leur musique. Ils ont des chansons en créole, mais aussi en anglais. Ils espèrent que les gens seront réceptifs, que le rythme donnera des images aux gens.
Ils parlent de la nourriture qui est aussi présente à Montreux.

00:11:45
Ils donnent leurs impressions lorsqu'ils sont sur scène. Ils essaient de donner le meilleur, car ils sont une équipe, il faut garder l'esprit d'équipe. Ils expliquent qu'ils oublient tout sur scène.

00:13:30
Vœux: faire un album professionnel, être remarqué à Montreux et pouvoir travailler avec de grands musiciens, rencontrer et accompagner une grande star comme Mickael Jackson.

Savary, Thierry

Interview de Dee Dee Bridgewater

Interview de la chanteuse de jazz américaine Dee Dee Bridgewater par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Montreux Jazz festival en juillet 1993.

Dee Dee Bridgewater explique que chanter était un rêve d'enfant, et d'être reconnue internationalement en tant que chanteuse et artiste. C'est une artiste complète, elle pense avoir peut-être été un peu trop influencée par les vedettes des années 40 qui savaient tout faire. Elle a grandi avec cette attitude, qu'il faut savoir tout faire.

00:01:05
Elle a été soutenue par sa famille dans son choix de carrière. Son père l'a lancée, l'a fait rencontrer des gens et des amis pour faire les festivals universitaires et elle a pu entrer dans le jazz professionnellement.
Ses racines sont le jazz. Maintenant qu'elle est plus mature, elle sait que c'est mieux d'avoir une identification pour une chose spécifique pour le public, et ensuite on peut faire d’autres choses. Au début elle voulait faire tout en même temps, mais c'était trop. Maintenant elle s'est décidée à rester fidèle au jazz.

00:03:20
Elle a fait Carmen, une version jazz. Toutes les mélodies étaient les même mais les arrangements étaient plus jazzy, joués par un orchestre de jazz. Ce qui a facilité sa prestation. Elle explique que c'était difficile pour elle de poser sa voix, en comparaison avec une chanteuse lyrique.

00:04:30
Elle pense que la musique c'est un mélange de travail et de feeling. Le jazz marche avec beaucoup de feeling, mais il faut toujours travailler. Elle sent que sa voix est en train d'évoluer car elle chante tout le temps, elle travaille sa voix.

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Elle pense que musicalement, les choses deviennent plus complexes pour elle. Elle s'intègre peut-être trop dans la musique avec ses musiciens, elle a peur de perdre l'intérêt du public.
Elle pense la manière dont on se comporte dans la vie va influencer la musique que l'on fait, et pas l'inverse. Si on est heureux, on va chercher ce bonheur dans la musique. Elle est heureuse en ce moment et espère pouvoir transmettre ce bonheur aux gens par sa musique.

00:08:00
Elle est revenue au jazz dans son dernier album, par rapport au précédent qui était une sorte de pot-pourri, il n'y avait pas de thème dans l'album. Elle-même est étonnée d'avoir réussi à faire un album de bonne qualité. Elle pense que sa chanson avec Ray Charles et bien au-dessus du reste de l'album. On ne peut pas comparer ce disque avec ceux de jazz qu'elle a fait car ce sont deux mondes différents.

00:10:05
3 vœux: faire un album de jazz qui se vende à 1mio d'exemplaires, devenir une grande productrice de musique, avoir le rôle principal dans un film dramatique, et pour sa vie privée avoir encore un enfant.

Savary, Thierry

Interview de John Mayall

Interview du bluesman britannique John Mayall par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Paléo festival en juillet 1993.

John Mayall explique qu'il ne rêvait pas d'être musicien. Son père avait beaucoup de disques de jazz, mais il n'a compris qu'à 30 ans qu'il y avait une possibilité de carrière dans ce domaine.

Il ne sait pas s'il est né pour faire ce métier, même après 30 ans passé dans le milieu. Il est tout de même content d'avoir pu faire d'autres expériences avant d'avoir eu 30 ans, car ce sont des expériences qui ont enrichi sa musique.

Le blues a toujours été n°1 dans son cœur, c'est le moyen d'expression qu'il utilise depuis ses 13 ans.

00:01:00
Il explique que quand il joue du blues, qu'il s'installe derrière un instrument, ce qui sort correspond à ce qu'il ressent profondément.

00:01:20
Il est l'un des premiers accepté en tant que bluesman blanc.
Il a eu de la chance de rencontrer des grands musiciens qu'il voyait en concert et qui sont devenus des proches comme John Lee Hooker. Son groupe les Bluesbreakers a aussi pu accompagner T. Bone Walker dans sa tournée en Angleterre.

00:02:10
Chaque bluesman a sa propre identité, quand l'un d'eux meurt, il est irremplaçable, le blues perd quelque chose.

Il parle de la musique et du sport. En musique il n'y a pas de limite d'âge. L'âge ajoute de l'expérience au musicien, même si la musique demande de l'énergie.

00:03:10
Les musiciens divertissent les gens mais ils essaient aussi de les enrichir avec leur musique.

Il pense que la musique n'influence pas vraiment les gens, mais qu'elle leur permet une forme d'échappatoire.

Chanter est un processus d'évaluation permanent, c'est un instrument comme un autre, on l'approche comme les autres instruments.

00:04:15
Pour lui le blues représente une liberté, un soulagement

Sur scène, il est surpris tout le temps, c'est comme être sur une montagne russe, tu ne sais jamais où tu vas aller, il n'y a pas de ligne de conduite.

00:05:10
Il pense qu'il a joué avec la plupart des gens qu'il voulait. Il est très content de son groupe, les Bluesbreaker qui sont tous de grands musiciens, c'était ses premiers choix. Ils forment une famille.

Définitions:
L'amour toujours: ce serait super de l'avoir, ce dont tout le monde rêve.
La richesse: de l'esprit ou de l'argent? La richesse de la vie est le plus important.
La pauvreté fait partie de la vie, c'est un élément hors du contrôle des gens.
L'humanité: on est tous sur la planète en essayant de faire de notre mieux.

00:06:50
3 vœux: il n'y pas de vœux, tous ses vœux ont été exaucés. Il a tout ce qu'il veut.

Il parle du fait que son dernier album a été très bien reçu.

Savary, Thierry

Interview de Salif Keïta

Interview du chanteur et musicien malien Salif Keïta par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Montreux Jazz festival en juillet 1993.

Salif Keïta explique qu'il ne voulait pas du tout être chanteur enfant, mais qu'il voulait faire des études. Il a dû beaucoup se battre pour arriver là où il est aujourd'hui. Il faut toujours se battre.

Il a rencontré des gens qui lui ont permis d'évoluer dans la vie comme dans la musique, qui lui ont permis d'être ce qu'il est.

00:01:20
Sa musique prône la paix, la communication, la possibilité de vivre ensemble en étant d'autre culture.
La musique peut apporter la paix car elle rend tout le monde heureux.

00:02:30
Il pense que c'est normal d'avoir des responsabilités envers son public. Les gens viennent te voir pour oublier leurs soucis, c'est normal de leur offrir un bon spectacle. Il ne faut pas non plus dire n'importe quoi.

00:03:10
Le fait de chanter donne un équilibre psychologique, car on dit ce que l'on veut, on est à l'aise. Il y a la liberté d'expression.

Sur scène, il est heureux, c'est la seule occasion qu'il a de parler avec tout le monde et faire la fête.
Le contact entre la scène et le public c'est magique et émouvant. L'émotion c'est très important.

00:04:30
Respect, honnêteté, ce sont des mots qui inspirent tout le monde, même ceux qui sont malhonnêtes. Personne n'est parfait, ceux qui n'ont pas de défauts ne sont plus là. Ceux qui essayent d'être parfait rendent la vie plus agréable, les autres ne sont pas mauvais. Il faut de tout.

00:05:40
Avec sa musique il essaie de transmettre de la tolérance, avec la musique tout est possible. La musique c'est une arme douce.

Il n'est pas un griot, c'est un artiste. Il véhicule les traditions qui peuvent parler à d'autres cultures. Il a des origines musicales qu'il ne peut pas abandonner car c'est comme ça qu'il fait passer son message.

00:07:00
3 vœux: Transformer le désert en forêt, empêcher la pollution, essayer de créer un paradis dans le monde actuel, social et naturel surtout dans le domaine de l'écologie.

Il est très optimiste malgré tout. I pense par exemple à Israël qui était un désert avant, mais maintenant il y a de la végétation.

Savary, Thierry

Interview de Paolo Conte_2

Interview du chanteur italien Paolo Conte par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage à Lausanne, en octobre 1993.

Paolo Conte explique qu'il a commencé à faire de la musique quand il était au lycée. Mais ses parents étaient de bons pianistes. Quand le fascisme a interdit la musique américaine ils ont eu la chance de garder quelques disques et partitions.
Il a commencé comme vibraphoniste, puis il a fait de la composition. Il a eu un peu de succès avec des chanteurs et chanteuses puis a enregistré des disques en chantant et en jouant du piano.

00:01:15
Il pense que sa passion du cinéma l'aide à construire des univers dans sa musique. A son époque le cinéma était très important dans son enfance, c'était une école de vie.
Il explique que pour les chansons d'amour, il n'est pas madrigaliste, le climat qui appartient au centre et sud de l'Italie. Lui vient du nord, ce sont des conteurs.

00:02:30
Le fait de chanter lui apporte beaucoup de gêne. Il n'aime pas trop ça, il se sent un peu ridicule. Il le fait seulement pour défendre l'identité de ses chansons.
Sur scène, il y a des petites zones dans lesquelles il garde un peu la possibilité d'improviser. Il n'y a peu de problèmes car il faut donner le programme aux techniciens. On est assez à l'étroit dans ce métier.

00:04:15
Il travaille de manière très solitaire, il ne fait écouter qu'à son producteur, jamais à son entourage.

Il pense que la musique c'est important dans la vie, c'est un cadeau de Dieu, caché dans les profondeurs de chacun. La musique pourrait changer des choses.

00:05:30
3 vœux: pas de guerre, pas de maladie, et surtout la loyauté entre les gens.

Savary, Thierry

Interview de Sens Unik

Interview de Carlos, Rade et Just One du groupe de rap lausannois Sens Unik par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Montreux Jazz festival en juillet 1993.

Ils expliquent que d'être un Montreux c'est un rêve qui se réalise, mais pas un rêve d'enfant. Tout vient gentiment, les choses s'enchaînent dons ils ne se rendent pas vraiment compte.

Les choses avec les gens ont changées un peu. Certaines personnes viennent moins facilement, ceux qui les connaissaient, tandis que les autres viennent plus facilement. Ils essayent de garder la tête froide, les pieds sur terre. Pour leurs amis les choses n'ont pas changées.

00:01:55
Le hip-hop les a touchés depuis son arrivée en Europe, en 1981-82, avec les graffitis, les claviers, les platines et ils en sont arrivés à faire leur propre rap car ils écoutaient ça depuis des années. Ils ont aussi eu envie de faire du rap français pour dire ce qu'ils voulaient dire. C'est une langue qui va bien pour faire du rap. Il y a beaucoup de langues qui se prêtent bien au rap, l'espagnol aussi.

00:03:30
Il y a un mouvement hip-hop, donc chaque personne qui fait quelque chose dans le hip-hop se sent d'une même famille, on est sur la même longueur d'ponde.

00:04:00
Le rap c'est beaucoup de travail. Les paroles il y a beaucoup de textes, et au niveau de la musique il y a beaucoup de recherches, tout est à faire.
Il y a des groupes qui intègrent du jazz, ou d'autres musiques au rap. Sens Unik le fait avec les rythmes latins car ils se prêtent bien. Ils font beaucoup d'expériences dans tous les niveaux du groupe, texte, musique, rap,...

00:05:35
Le rap est très énergique, c'est très puissant. Être sur scène ça augmente cette puissance, sur scène, ils sont très énergiques. Ils rentrent dans une espèce de transe différente pour chacun, un monde. Il y a tous ces gens en face et il faut leur donner le maximum d'eux-mêmes. Après les concerts ils sont fous de joie.

00:07:00
Carlos explique qu'il n'a pas beaucoup étudié la poésie. Il a lu des poètes, mais aussi des poètes qui chantent comme Brel ou Ferré. Mais les inspirations viennent surtout du rap.
Sa facilité à écrire dépend de son état d'esprit et du contenu du texte.

00:08:00
Ils vont partir à NY, au Canada, en Europe. Ils ont produit un groupe sous leur label qui va sortir un album. Leur deuxième album sortira dans quelques mois.

00:08:40
3 vœux: aller manger, pouvoir avoir un cerveau énorme pour stocker des informations, tomber sur une grotte secrète pleine de disque de soul et de jazz des années 70.

Savary, Thierry

Interview du Trio Esperança

Interview de Regina, Eva et Mariza du groupe vocal brésilien Trio Esperança par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Montreux Jazz festival en juillet 1993.

Elles expliquent avoir commencé toutes petites à chanter. Elles ne rêvaient pas d'être musiciennes car elles ne se rendaient pas compte de ce que cela représentaient. Leurs frères ont commencé très tôt, et elles les imitaient.
Elles ont maintenant 25 ans de carrière et elles se rendent comptent maintenant de leur carrière.

C'est une histoire de famille. Elles ont suivi leurs frères depuis toutes petites. Leurs parents n'étaient pas musiciens, mais ils chantaient dans une chorale d'église et aimaient beaucoup la musique. Quand elles ont commencé la musique, la plus petite ne parlait même pas.

00:02:40
Elles sont montées sur scène sans se rendre compte de ce qu'étaient le métier. C'est le destin. Leur premier disque n'a pas marché, puis la maison de disque a insisté pour faire un deuxième album qui a marché. Elles ont ensuite jonglé entre les tournées et l'école, c'était comme un jeu.

00:04:00
Elles aimeraient être toute leur vie sur scène. Elles ont le trac maintenant, alors qu'elles ne l'avaient pas du tout enfant. Il y a encore l'aspect du jeu pendant un concert.

00:05:10
Sur scène, elles font beaucoup d'improvisation. Elles ont toute une préparation pour se détendre avant d'entrer sur scène. Puis dès qu'elles montent sur scènes, elles ne sont plus dans l'ambiance normale, mais restent les trois sœurs sur scène.
Des fois elles ont l'impression de se dédoubler sur scène.

00:07:00
Le fait de chanter leur a apporté énormément de choses. Premièrement une joie de vivre. On oublie tous les soucis.
Le fait de pouvoir faire passer de la joie, de l'émotion à quelqu'un change beaucoup de chose dans l'esprit comme le corps.

00:09:00
L'émotion est la même en Europe ou au Brésil dans le sens de faire passer quelque chose. Au Brésil, elles sont chez elles donc les gens se souviennent de toute leur carrière. Elles ne chantent pas les mêmes chansons. Les gens se rappellent de leur jeunesse. Tandis qu'en France elles débutent. Elles avaient juste envie de s'amuser et tout est allé très vite et elles sont aujourd'hui disque d'or.
C'est d'autant plus fort que les gens ne comprennent pas ce qu'elles disent.

00:11:30
Elles parlent des rencontres qu'elles ont faites durant leur carrière, du fait qu'elles ont collaborés avec d'autres musiciens brésiliens.

00:12:30
3 vœux: chanter encore et encore ensemble.

00:13:12
Elles parlent de la chanson qu'elles ont chantée pour se chauffer la voix dans les loges.

Savary, Thierry

Interview de Ronny Jordan

Interview du guitariste britannique d'acid jazz Ronny Jordan par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Paléo festival en juillet 1993.

Ronny Jordan explique qu'il est né pour être musicien, il a toujours rêvé de faire ce métier. Ses parents n'étaient pas très enthousiastes au début mais ils l'ont toujours soutenu, donné des conseils.
La première musique qu'il a écouté c'est le gospel à l'église. Puis il a écouté du jazz, de la soul, du rock, ...

00:01:20
Les gens aiment sa musique car elle est directe. Il n'y a pas de parole, c'est mélodique et direct. Il essaie de raconter des histoires avec sa musique.

00:02:00
Il n'est pas surpris de son succès malgré le fait qu'il ne fasse pas une musique commerciale, les gens ont en assez des choses répétitives et cherchent de la nouveauté.

Il est précurseur de ce genre de musique, mais il a été à l'ombre pendant très longtemps, mais les musiciens de la scène londonienne le connaissaient comme Ingcognito et Galliano. Mais pas le public. Sa musique c'est une expérience.
Sur scène on est emporté par le feeling.

00:03:20
3 vœux: continuer à travailler dur, toujours faire de bons concerts, continuer à faire de bons disques.

00:03:30
Il parle du mouvement d'acid jazz et de sa reprise de Miles Davis. Pour faire de l'acid jazz il faut reprendre des titres et les réapproprier.
Il parle du fait qu'il joue aussi de la guitare dans cet album sur une chanson qui parle de la mort de sa mère, qui lui a fait prendre conscience qu'il fallait qu'il fasse ce qu'il voulait faire. Cette chanson demandait un support acoustique.

00:0
Les gens aux USA aiment beaucoup sa musique, C'est là-bas que les meilleures choses lui sont arrivées. Ils comprennent maintenant qu'il vient de la scène londonienne

00:07:00
Il a comme projet de faire une tournée dans le monde. Il aimerait beaucoup aller en Jamaïque car son père est jamaïcain mais il est né à Londres. Il aimerait aussi aller en Afrique du Sud car il a entendu qu'il était très populaire là-bas. Il aimerait aussi aller à Paris travailler avec Manu Dibango. Il ne pensait pas être aussi apprécié en Afrique.

Savary, Thierry

Interview de Laurence Jalbert

Interview de la chanteuse québécoise Laurence Jalbert par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de la sortie de son album "Corridors", en 1993.

Laurence Jalbert pense que beaucoup de gens rêvait de devenir chanteurs et ne le sont pas devenus, elle oui. Elle est très timide, elle se cachait. Elle aimait aussi faire des imitations.
Elle a gardé son côté enfant car elle pense que c'est important de garder une certaine naïveté, une certaine fraîcheur pour garder espoir. Surtout avec tout ce qui se passe dans le monde.
Dans son album on comprend qu'elle se rend compte de ce qui se passe mais avec sa naïveté elle essaie de pousser les limites.

00:02:00
Il lui arrive d'être possédée par certaines chansons. Elle raconte une anecdote sur un plateau TV au Québec avec Patrick Bruel. Elle a chanté une chanson sur une petite fille qui a subi des violences, une martyre. Elle a pleuré toute la chanson. Elle s'est laissé posséder par cette chanson. Et Bruel lui a dit qu'elle devait arrêter. Elle pense donc que la musique n'est pas une thérapie pour elle, car elle se laisse trop porter par ses chansons, par les questionnements. Elle chante aussi des urgences sociales, des difficultés, et elle a de la peine à s'en éloigner.

00:04:30
C'est paradoxal d'être timide et de se livrer autant. Même sa mère ne la reconnait pas sur scène. Sur scène elle devient ce qu'elle chante. Il y a un phénomène qui se passe sur scène, elle oublie tout ce qui se passe, et elle se retrouve dans ses chansons, elle se retrouve projeter dans certains moments par rapport aux chansons. Elle se laisse porter, et elle peut compter sur l'appui de ses musiciens. Elle compose avec eux. Elle pense que c'est important de leur accorder du crédit. Les musiciens travaillent avec elle, sur toutes les étapes et elle reconnait ce travail. Ses musiciens sont son équilibre. Ils lui permettent de garder une balance entre ses émotions et la réalité. Elle a besoin de savoir qu'ils sont avec elle. Elle doute beaucoup d'elle et peut s'appuyer sur ses musiciens.

00:07:55
Ses musiciens sont très disciplinés. Elle aime rester ouverte à des changements, car les chansons changent avec elle tous les jours. Elle peut faire faire des nuances à ses musiciens simplement avec un mouvement de main, ils la suivent.
Cette envie de mouvement perpétuel rend son travail en studio difficile, car elle est obligée de s'arrêter sur quelque chose.
Elle a fait un an de travail en studio pour cet album. Elle a besoin que quelqu'un l'arrête. Et elle travaille en mettant beaucoup d'abord, puis en enlevant, en épurant. Elle voulait plus d'harmonie, une voix plus posée.

00:11:30
L'album lui correspond complètement. Il y a plusieurs styles, plusieurs couleurs différentes. Elle est très extrême, son album reflète ça aussi. Elle ne sait pas trouver le milieu des choses.

00:12:50
Elle a gagné des consécrations au Canada pour cet album, avec Richard Séguin. Elle parle de Richard Séguin, c'est un artiste avec lequel elle a une belle complicité. Les artistes en général au Québec ont une grande complicité, ils s'aident beaucoup.
Elle a repris une chanson sur le spectacle de Richard Séguin. Elle pense que c'est son alter ego masculin. Ils sont sur la même maison de disques.

00:14:55
Elle se tient à distance du show business. C'est un milieu superficiel. Elle ne veut rien savoir de ce milieu, elle paie un agent pour qu'il s'en occupe.

00:16:00
Il y a une urgence à dire les choses dans son album. On peut faire un parallèle avec Richard Séguin. Elle pense qu'ils ont la même façon de faire. Ils ont des urgences à chanter. Il n'y a plus de temps à perdre alors il faut dire les choses qu'on a à dire. Elle veut chanter ce qui la dérange, et aussi ce qu'elle aime. Mais les gens sont plus attentifs avec des problèmes sociaux.

00:18:45
Elle pense que si on présente une différence au public, il est parfaPièceent capable de la faire. Il faut laisser un choix au public, on prend ce dont on a besoin. Avec tout ce qui se passe dans le monde, les gens ont besoin de mots. D'espoir. C'est aux adultes de donner de l'espoir aux enfants. Elle parle de la conscience écologique des enfants. Elle pense qu'ils réfléchissent beaucoup plus à l'avenir.

00:21:30
Elle a débuté la chanson à 16 ans, et sorti son premier album à 30 ans. Elle avait besoin d'apprendre. Elle aurait eu des opportunités de faire des télés ou des albums. Mais elle ne se voyait pas dans cette image de femme superficielle. Elle est contente d'avoir refusé car elle a été prise au sérieux par sa maison de disques. Elle savait ce qu'elle voulait grâce à l'expérience qu'elle a pu acquérir pendant 14 ans. Elle comprend le public. Elle a rencontré ses musiciens à ce moment-là. Tout ce qu'elle a fait durant ces 14 ans lui sert aujourd'hui.
Elle ne regrette pas ses décisions. Elle prend toujours ses décisions de manière mesurée. Elle a aussi beaucoup d'intuition.

00:25:30
Elle est incapable de mentir. Elle n'a rien à cacher, elle est très ouverte et spontanée.

00:26:20
Elle a des personnes de référence dans son entourage. Elle parle de ses musiciens, du réalisateur de l'album aussi. Elle est contente d'avoir des gens qui peuvent donner leur avis, lui dire si elle se trompe.
Il lui arrive souvent de faire faire des choses à ses musiciens, ou d'arrêter une chanson en plein milieu durant un concert pour la recommencer. Le public sent qu'elle ne leur ment pas. Il y a une grande complicité entre elle et le public. Elle aime prendre le temps avec son public. Elle pense que c'est important.

00:30:05
Elle raconte une anecdote sur un couple d'aveugles lors d'une signature d'autographe. Il y avait beaucoup de gens qui attendaient, et ils ne voyaient pas. Elle a eu beaucoup de peine de leur dire qu'elle devait couper la conversation.
Elle s'oblige à garder un contact avec la réalité tout le temps.

00:32:00
Elle parle de l'Europe. C'est une sorte de suite logique. Il y a une question d'émotion de langue. On peut être ému par une chanson dont on ne comprend pas la langue. Elle tient à chanter en français, car c'est sa langue, elle l'aime. Elle aime prendre le temps de travailler des chansons sur un album pour qu'elles soient entendues. Elle saisit donc les opportunités quand elles se présentent.

Savary, Thierry

Interview de Patrick Verbeke

Interview du guitariste et chanteur de blues français Patrick Verbeke par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de la sortie de son album "French Blues", en 1993.

L'interview débute par un petit passage de guitare de Patrick Verbeke.

Patrick Verbeke joue de la guitare tout au long de l'interview.

Il explique comment on prononce son nom. Ses amis l'appelaient "Bec vert".
Il a toujours été musicien dans l'âme. Son père écoutait des émissions de jazz à la radio, il pense que cela a dû l'influencer. Puis quand il a eu 12-13 ans il a découvert Ray Charles et les pionniers du rock américains. Il s'est rendu compte qu'ils s'inspiraient du blues et a voulu en découvrir plus, mais il n'y avait pas beaucoup de références en Europe. Puis après un concert de Memphis Slim en Normandie qui l'a beaucoup marqué, il a vu que le blues était un reflet de la vie et a eu envie d'en faire.

00:03:00
Il explique que même si le blues part d'un sentiment très triste, des esclaves, ce n'est pas forcément une musique triste. Il y a des moments plus difficiles ou non, et le blues exprime tout cela. Le blues c'est presque une thérapie, c'est une façon de pouvoir supporter des conditions de vie qui en sont à l'origine. C'est une musique qui vient du cœur, on ne peut pas mentir quand on fait du blues.
C'est une musique éternelle. Le blues a été désigné comme une forme de musique il y a plus de cent ans et depuis il y a des vagues ou le blues est plus médiatisé, mais il est toujours là. Il est juste parfois mis plus ou moins sous les projecteurs.

00:05:35
Le blues lui est venu naturellement. C'est une musique qu'il faut digérer, qu'on écoute d'abord. Il explique aux jeunes qui lui demandent comment faire du blues qu'il faut surtout en écouter. Le blues se fait tout seul, il puise dans toutes ces influences puis se fait tout seul. Les bluesmen se révèlent d'ailleurs vers 30-40 ans, il faut que cette musique exprime une certaine maturité.

00:07:15
Ce n'est plus une musique noire dans la réalité. Mais pas dans l'esprit des gens. Ce sont les noirs américains qui ont appris que le blues dépassait le ghetto et une communauté sociale. Il parle de Luther Allison, qui lui a dit de chanter en français. C'est une musique de communication, il faut chanter dans la langue du pays qui nous correspond.

Il a fait un duo avec Luther Allison, avec des passages en français et en anglais. C'est un morceau pour sa fille. Il explique que la mélodie vient de Luther Allison, et la joue.

00:10:20
La France est un peu une terre d'accueil pour les bluesmen. Il parle de Memphis Slim, de Sugar Blues et d'autres. Il explique qu'après la guerre la ségrégation était encore présente aux USA, mais en France ils étaient respectés. C'est ce qu'ils recherchaient. C'était un pays où ils pouvaient tourner.

00:11:40
Il a un peu voyagé, notamment à Memphis pour un festival de blues. Il y est resté 3 semaines. Il a parcouru un bout du delta du Mississipi. Il y a tellement de choses à voir. Il a rencontré des gens.

00:13:20
Il y a une atmosphère particulière quand on est dans cette région, mais il faut connaitre un peu l'histoire de cette musique pour tout saisir. Il y a même un musée du blues désormais. Il y a des objets particuliers. Il y a beaucoup de choses qui rappellent à ce souvenir du blues dans la région du Mississipi.

00:15:20
Il y a une sorte de famille de bluesman en France aussi, un groupe de copains plus qu'une famille. Le blues est resté très proche de ses racines, c'est facile de prendre un instrument et s'y retrouver. C'est pour cette raison qu'ils se rencontrent encore régulièrement pour jouer ensemble. Ce sont des moments privilégiés car chacun a sa vie et c'est assez rare.

00:16:50
Il parle de Spencer Bolan. Il lui a vendu une guitare. Il a joué sur son album, ils sont amis. Spencer Bolan a su dépasser le cadre rigide du blues. C'est quelqu'un qui fait aussi des chansons. Garder l'esprit dans les textes tout en gardant la tradition musicale, mais en faisant toujours de la création, des nouvelles formules.

00:19:10
La musique c'est des moments de bonheur.
Il joue de la guitare.

00:19:35
Il n'a pas du tout de facilité d'écriture, il faut arriver à synthétiser et canaliser tout ce qu'il a envie de dire. Essayer d'être proche de la tradition et en même temps trouver des mots qui soient ceux de tous les jours pour lui et son public. Le public du début des années 90 n'est plus le public traditionnel, il y a beaucoup de jeunes et aussi un retour des anciens qui ont connus le blues de l'après-guerre avec des gens comme Benny Goodman. C'est un aspect important de ce regain d'intérêt actuellement.

00:21:35
Depuis 3 ans il raconte l'histoire du blues dans les écoles, il a fait une expo qu'il peut bouger. Il essaie d'être accessible et attractif.

00:23:10
Il aimerait venir en Suisse, il espère venir dans quelques mois.

00:23:35
3 vœux: il est en train de réaliser ses rêves, mais il en reste encore. Il rêvait de jouer à Memphis, il l'a fait dons il aimerait pouvoir y retourner. Il aimerait aussi rencontrer Eric Clapton qui a été un de ceux qui ont ouvert la porte au blues blanc. Vivre le plus longtemps possible pour pouvoir faire du blues le plus longtemps possible.

Savary, Thierry

Interview de Hubert-Félix Thiéfaine

Interview du chanteur français Hubert-Félix Thiéfaine par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de la sortie de son album "Fragments d'hébétude", en 1993.

Hubert-Félix Thiéfaine explique qu'à 12 ans il voulait être chanteur.

A dix ans il a eu une sorte de crise existentielle, et il ne se voyait pas vivre normalement, dans un bureau ou une usine, Il ne savait pas comment s'en sortir. Comme il avait une éducation chrétienne il est entré dans un séminaire, car il trouvait que c'était déjà une forme de marginal. Un ami avait des disques, et il a décidé qu'il voulait devenir chanteur. Il a écrit des chansons et commencé la guitare.

00:03:10
Un artiste est toujours un marginal, car il n'a pas le même rythme de vie que les autres. Il a des privilèges aussi, et des souffrances qui sont différentes. Il ne peut pas parler du milieu artistique, il connait juste son milieu, il ne veut pas en parler.

00:04:10
Il joue toujours ses vieux morceaux. Ils continuent à influencer ses morceaux actuels.
Il parle d'un spectacle qu'il a fait qui faisait beaucoup rire mais avec des textes très noirs. Aujourd'hui il essaie de faire sourire les gens, il a plus de maturité.
Dans ce spectacle, il faisait le clown en balançant des textes très noirs. Un moment il a craqué car il n'arrivait plus à assumer ce côté clownesque.

00:06:20
Maintenant c'est plus direct, il n'a plus envie de tromper les gens. Maintenant il va plus chercher dans ses tripes. Il va plus dans la subtilité.

00:07:25
Il y avait déjà du blues à l'époque, du rock aussi, donc musicalement il n'est pas très éloigné. Mais maintenant il essaie de toucher plus au subtile, aux fragrances.

00:08:20
Il joue de la guitare subliminale, celle qu'il branche quand il est tout seul. Elle donne le côté swing et feeling du morceau. Puis elle est mixée à la limite de l'audible.

00:09:15
Il a joué avec des musiciens américains. C'est une somme de choses qui font qu'il fait ce choix. Il aime bien la vie américaine, la musique, les musiciens, les techniciens, les studios. Ils sont disponibles, ils savent ce qu'est ce genre de musique.

00:10:40
Dans ses textes, il utilise des mots peu utilisés. Il dit que c'est parce qu'il a toujours aimé les minorités. Il ne faut pas oublier ces mots. Il aime mélanger des mots qui n'ont rien à voir pour rendre une idée. Comme il pense que tout va vers le complexe, pourquoi faire simple quand on peut compliquer.
Il trouve intéressant de faire des phrases avec des mots qui n'ont rien à voir ensemble mais avec une idée derrière.

00:12:10
Il crise, il est dur avec les gens. Mais il fait partie de cela. C'est très dur d'avoir des rapports avec les autres. Il faut avoir beaucoup d'amour. Les relations aux autres sont terribles. Il essaie de vivre le plus possible dans la solitude.
Les gens se renvoient des choses, se renvoient leur connerie.

00:14:00
Il est toujours dans la contradiction. Quand il est gentil il pense qu'il va se faire avoir, et quand il est méchant il s'en veut.
Les chansons c'est un moyen de se mettre dans sa solitude.

Il partage son travail avec sa compagne, car c'est quelqu'un qui a beaucoup de finesse. C'est obligé de faire partager. Il y a un moment où il faut le montrer à quelqu'un car il n'y a que les autres qui peuvent nous renvoyer notre image.

00:16:25
Il parle de l'intérêt de la musique pour les gens. Pour comprendre il faudrait qu'il revienne en arrière, au moment où il n'était qu'auditeur. Maintenant il en vit, il n'a plus cette naïveté vis-à-vis de la musique.

Il a encore envie d'écouter de la musique, mais cela dépend des moments. Lorsqu'il est en studio ou en tournée, il n'a pas très envie d'écouter de la musique. Il a des phases.

00:18:55
Il teste chaque mot, rien n'est mis au hasard. Il regarde toujours si c'est le sens, l'idée. Pour cela il doit décortiquer chaque mot pour savoir s'il correspond à cette idée. Tout est testé.

00:20:10
Il a beaucoup de contact avec son public, il reçoit beaucoup de courrier. Il ne peut pas y répondre car cela demande trop de travail. Il y des gens qui s'occupent de cela pour lui. Il arrive qu'il y ait des lettres plus douloureuses auxquelles il répond. Après les concerts aussi il y a toujours des gens qui viennent.

Il ne fait pas partie du cirque médiatique. Il est content car il peut vivre plus normalement. Dans son quotidien il y a souvent de petites rencontres.

00:22:30
Il a fait une tournée de près de 2 ans, puis pris un an pour écrire ce nouvel album.
Il a toujours un moment où il veut écrire mais il n'arrive pas. C'est un palier. Mais après tout va très vite. Souvent c'est la colère qui déclenche le processus.
Une fois le disque enregistré, il commence à l'écouter avec plaisir après qu'il soit en vente depuis 2 semaines. Il a les premiers retours. Mais avant c'est fatiguant.
Il aime beaucoup son dernier album. Il s'y est beaucoup plus investi que dans les autres.

00:25:30
Le métier de musicien était à risque il y a 30 ans. Maintenant tous les métiers sont à risques, il n'y a plus de certitudes. Le musicien a le privilège de la liberté, de faire ce qu'il a envie de faire.

Savary, Thierry

Interview de Laurent Voulzy

Interview du chanteur français Laurent Voulzy par Thierry Savary.

Laurent Voulzy explique qu'être chanteur c'était un rêve qu'il a eu depuis qu'il a commencé la guitare. Il pense même que c'est un rêve dans l'absolu de pouvoir vivre de sa passion. Il a commencé la musique à 15 ans.
Les rêves sont son moteur, ce qui le fait aller de l'avant.

00:01:15
Il lui est arrivé 2 fois de rêver de musique. Il écrit tous ses rêves, mais n'en fait pas de chanson. Il trouve cela extraordinaire.

En tant qu'auditeur il a aussi l'impression que les chansons des autres le font voyager. C'est une volonté dans ses chansons, de décoller. De transposer de la réalité. Même si on parle d'un problème grave, il faut lui apporter une dimension. Il aime faire rêver.

00:03:20
Thierry Savary lui dit qu'il a un sentiment de liberté en écoutant sa musique. Voulzy dit que cela lui fait plaisir, c'est ce qu'il recherche chez les autres. Quand il fait de la musique il se sent libre. Il est content s'il peut faire voyager les gens.
La musique donne la liberté. Du moment que l'esprit va ailleurs c'est une grand forme de liberté.

00:04:30
Il pense que le monde est intéressant aussi bien au microscope que dans une vision globale, universelle. Il est intéressé par les différences comme par les points communs entre les gens.

00:05:45
L'amour est un beau thème? C'est quelque chose d'infini. L'amour qu'on a pour quelqu'un qu'on aime. On ne peut pas le maîtriser mais le comprendre. C'est une partie de l'amour universelle que l'on ne comprend pas. C'est un thème infini car l'amour est incontrôlable, il reste un mystère et il touche tout le monde.

00:07:10
Musique est spiritualité. Par essence la musique est liée à la spiritualité car c'est une transposition des choses de la vie sous forme de son, et elle tend vers l'harmonie, ver le divin. Une espèce de perfection, une transcendance de la réalité. La musique a toujours accompagné la religion, car c'est quelque chose d'alchimique qui modifie un état d'âme. La musique peut rendre triste ou gai. Le chant élève.
Il cite des exemples.

00:10:00
La musique peut aussi être une forme de thérapie. Quand on est triste on peut écouter une musique tonique. Il y a des musiques qui apaisent. La musique c'est comme une nourriture, on n’a pas toujours envie de la même chose.
Il cite des exemples de choses qu'il écoute.

00:12:15
Les gens se rendent compte que la musique c'est une alchimie, plein de petite choses qui font du bien.

00:13:20
Il a fait 3 albums en 13 ans. Il a son public. Il sort chaque année un single. Il a toujours été présent. Il a de la chance que ses chansons marchent. Enfant il rêvait de passer à la radio et d'être dans le hitparade, et il en rêve encore.
Il fait peu de disques mais il met beaucoup de temps à les faire. Il a besoin de beaucoup de temps pour être content.

00:15:00
Il a passé 2 ans dans son home studio pour le dernier album. Il doit se forcer à sortir car il travaille à la maison. Il lui arrive aussi de voyager, il aime beaucoup cela.
Les voyages aident pour composer. Cela ouvre l'esprit, ça donne de l'oxygène. Quand on voyage tout est différent, et c'est un air neuf, c'est très excitant. On a l'impression que le temps n'est pas le même, il y a comme une impression de renaître.

00:17:25
Le Brésil l'a marqué par la musique, mais il n'y est pas allé. La musique brésilienne a été une révélation. La découverte des guitaristes brésiliens l'a marqué pour toujours.
Il aime beaucoup la guitare, les guitares. C'est l'instrument qu'il maîtrise le moins mal. Il aime l'instrument, sa forme, toutes les sortes de guitares.

00:19:35
Il parle de sa collaboration avec Alain Souchon. C'est un car particulier, car ils écrivent l'un pour l'autre. Il y a un phénomène de dédoublement de la personnalité de la part des deux. Il entend sa voix, et il pense comme lui. Ils connaissent très bien leurs vies, même si elles sont très différentes. Leurs univers sont différents. Pour écrire ils se mettent à la place de l'autre. C'est comme 3 personnes: lui, Alain, et les deux.

00:21:45
Il parle de la chanson "le pouvoir des fleurs". Il voulait faire une chanson flower power, comme un pied de nez à l'époque actuelle. Elle parle du passé mais est tout à fait actuelle.
On a voulu changer le monde, et il faut le changer.

00:23:15
3 vœux: il souhaite avant tout du bonheur, que les gens puissent vivre apaisés. Il souhaite des conditions descentes pour tout le monde. Il parle d'une association dont il fait partie, et il aimerait que les gens réalisent qu'il y a des gens dans des situations déplorables en Europe, et que les gens fassent pression pour donner des conditions de vie descentes à tout le monde.

Savary, Thierry

Interview de Noir Désir_2

Interview du groupe de rock français Noir Désir par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Paléo festival en juillet 1993.

Ils expliquent qu'ils sont en pleine tournée et qu'ils sont très fatigués par ces 130 dates. Ils sont mauvais pour se maintenir en forme, ils n'arrivent pas à avoir une bonne hygiène de vie. Après un concert, on ne peut pas se calmer ou rentrer dormir.

Ils n'ont pas d’anecdote spéciale à raconter pour l'instant.

00:02:00
Ils ont une bonne humeur dans l'équipe. Ils ont gardé une certaine spontanéité sur scène. Il y a souvent des erreurs ou des impros, il faut se suivre. Un concert a une ossature, et autour il peut se passer n'importe quoi. Ils se connaissent depuis plus de 10 ans, et il y a des choses qui se passent naturellement.

00:03:50
Ils font toujours une autocritique après les concerts. Ils n'ont pas la même sensation que le public. Ils essaient aussi de ne pas tourner dans une routine en le critiquant en permanence.

00:04:45
C'est un groupe de scène. Ils en ont fait des années avant de faire un disque. Ils ont une progression naturelle. Une fois le disque sorti ils n'ont pas eu de stress par rapport à la scène.

C'est difficile de doser ce qui est imposé par le métier, ou ce qu'ils ont envie de faire. Ils ne peuvent pas toujours se reposer, etc. En tournée ils sont dans un autre monde, en orbite. Les choses apparaissent différemment. Ils ont les nerfs exacerbés. Ils vivent à l'envers.

00:07:25
La plupart du temps les fans sont très sympas. Les "chieurs" sont partout. Mais il y a des moments où ils n'ont pas envie de signer des autographes mais plutôt discuter, et le public ne comprend pas. Le problème de ne pas être confronté à la fanatisation bête et simple.

00:08:25
Ils ont l'étiquette grunge alors qu'ils étaient là avant que ça arrive. Ils trouvent drôle de mettre des étiquettes sur tout. Le grunge c'est un nouveau mouvement, et on y met un peu tout le monde dedans. Un mouvement autant médiatisé c'est qu’il n’est pas loin d'être mort.

00:10:10
Les premiers surpris du succès de Noir Désir a été leur label. Ils ont vendus beaucoup très vite. Suite à une pause pour se reposer, durant laquelle les médias les avaient enterrés très vite. L'album sort et il marche bien et là tous les médias reviennent et plus personne ne met en doute le groupe.

00:12:15
Vœux: réduire de moitié la distance entre Vienne et Concarneau. Construire un lit qui roule.

Savary, Thierry

Interview de Jerry Poindexter

Interview du claviériste de James Brown, Jerry Poindexter par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Montreux Jazz festival en juillet 1993. Diffusée lors de deux émissions spéciales consacrées à James Brown.

Il explique qu'il a rejoint Mr Brown en mars 78 et jusqu'en 84. Il a dû aller s'occuper de sa famille ensuite. Et depuis un an il a réintégré le groupe sur demande de Mr Brown.

Il y a une famille James Brown. Il est plus souvent avec le groupe qu'avec sa famille.

Son rêve depuis enfant était d'être pianiste et de jouer pour quelqu'un d'important. Sa mère jouait du piano et il a en envie comme ça. Il ne pensait pas pouvoir jouer avec le meilleur de tous.

00:01:25
Dieu a l'a mis sur cette voie. Il aime faire cela, rendre les gens heureux.

La musique ca créer un monde meilleur mais pour cela il faut faire de la musique que les gens comprennent car chaque chanson a un message. Il déplore les rappeurs qui insultent leurs parents. Il faut communiquer, comprendre, transmettre et enseigner pour créer un monde meilleur. Mr Brown a compris cela. Il nous apprend, on le comprend, et on est ensemble, une famille.

00:03:10
Mr Brown est aussi un professeur, pas seulement une légende de la soul. Sans lui il n'y aurait pas de funk.
Travailler avec lui, sur scène, c'est du travail, et du plaisir, mais d'abord du travail. En dehors on est ami, une famille. Mais sur scène c'est du travail.

00:04:05
C'est quelque chose de magique de jouer avec Mr Brown. Quand tu entends James Brown, son son, tu sais que c'est lui, c'est un son magique. Peu importe qui essaie de le copier, personne n'y arrive.

Si on a joué avec lui, on peut jouer avec n'importe qui. Il a ouvert des portes pour beaucoup de monde. Car c'est un des plus dur pour travailler avec lui, il faut être bon.

00:05:50
Il pense que d'autres artistes pourrait faire la même chose, avoir le même phénomène. Quand tu vas voir son concert, c'est magique, c'est quelque chose que tu n'as jamais vu.
Il y a Prince, Michael Jackson qui sont des copies de Mr Brown mais avec leur magie propre. Il y a des similarités, ils ont pris de Mr Brown.

00:07:40
Il aimerait pouvoir jouer aussi longtemps que possible avec Mr Brown, car il adore ce qu'il fait. Voyager, jouer, apprendre, c'est un bon professeur

00:08:00
Définition:
Amour toujours: la paix d'esprit, faire ce que tu aimes et le faire au mieux possible
Richesse: la bénédiction de Dieu de pouvoir te lever chaque matin. Ce n'est pas de l'argent. Pouvoir marcher, pouvoir voir. Grâce au Seigneur. Avoir une vie c'est la richesse et j'en remercie le Seigneur.
L'humanité: c'est la même chose. Il aime l'humanité. Ce n'est pas un mot qu'on peut expliquer, il faut juste vivre.

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3 vœux: que le Seigneur le bénisse pour vivre longtemps et qu'il bénisse sa famille, et pouvoir prendre soin de sa famille.

Savary, Thierry

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