Interview du chanteur français Eddy Mitchell par Thierry Savary.
Enregistrée à Paris en mars 1993, à l'occasion de la sortie de son album "Rio Grande".
Eddy Mitchell explique qu'enfant il rêvait de faire un disque et éventuellement un rôle dans le film mais il ne s'imaginait pas avoir une telle carrière.
Son premier contact avec la musique a eu lieu avec la radio. Sa mère adorait aussi les opérettes, il y avait une certaine magie en tant qu'enfant. Et la vraie révélation a été avec Bill Halley.
Il ne se sentait pas chanteur, il voulait apprendre la guitare. Il s'en est acheté une et l'a cassée. Il est ensuite devenu chanteur.
Il ne pense pas avoir eu de moments difficiles dans le métier. Il a commencé dans des bals à 15 ans, puis il a eu un groupe avec lequel il a fait un disque qui s'est vendu à 1 million d'exemplaires. Il n'a pas dû se battre pour se faire connaitre. Il a dû se battre pour rester connu, ce qui n’est pas le plus difficile.
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Il parle des rencontres, des personnalités qui ont marqué. Il a beaucoup été influencé par la musique américaine, des rockers, des jazzmen, des big bang. Ce ne sont pas des rencontres physiques mais cela a été de la découverte.
Il parle de son duo avec Serge Gainsbourg. C'est une reprise d'Armstrong avec Jordan.
Le duo c'est stimulant mais ça peut aussi rendre fainéant. Il faut que les deux soient d'accord sur les rôles. Il y a une notion de respect, mais il ne faut pas non plus lisser trop la part belle à l'autre.
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Il parle de ses adaptations de musique.
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Il parle des échecs. On se rend compte après coup. Il ne faut pas se demander cela avant de faire les choses sinon on ne fait rien.
Pour être un bon artiste il faut se remettre en question et se faire des paris. Il y a toujours une certaine appréhension avant de monter sur scène.
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Il parle du cinéma, une de ses passions. Il pense que c'est plus facile de faire l'acteur que le chanteur, car l'acteur est un instrument, le chanteur c'est le patron. C'est plus tranquille. Il y a aussi une mise en scène quand on est chanteur. Sur scène il y a aussi une part de travail de comédien, mais c'est souvent un mauvais comédien car il en fait beaucoup trop.
Eddy Mitchell a des conseils sur ses tours de chants mais pas sur le comportement scénique. Il trouve que c'est le plus important d'arriver à raconter une histoire dans une chanson.
Il écrit les textes en fonction de la musique.
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Il parle de sa passion pour le cinéma.
Il a travaillé dans différents médias. A chaque fois qu'on a fait appel à lui, il faut qu'il ait carte blanche.
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Il parle de lui dans ses chansons, mais il y a beaucoup de mensonges. Comme tout le monde il parle au "je". Mais il lui arrive aussi de dire de vraies choses, mais cela dépend du moment.
Le métier de chanteur nécessite une grande observation et une curiosité, peu importe les sujets abordés. C'est passionnant. Et chaque chanteur a une observation différente.
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Il parle de Pierre Papadiamandis, compositeur. Ils n'ont pas forcément les mêmes idées, ce qui les réunit c'est la musique et une manière de fonctionner. Ils n'aiment pas les surprises, les choses qui ne sont pas décidées, même s'ils apprécient que les musiciens donnent leur avis. Il peut y avoir des petits changements, mais la chanson est prête en arrivant en studio.
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Sur scène c'est différent, c'est suivant l'humeur. Il y a toujours de la place pour s'exprimer pour les musiciens. Il a alors un rôle de chef d'orchestre. Les musiciens le connaissent.
Il parle du travail de producteur. Il ne va pas toujours dans son sens, il modifie des choses. Il a toujours raison avec le recul.
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Il parle des USA. Il a un réel amour de la musique des USA. Mais il préfère tout, toute la culture européenne que celle des USA. Mais il y a des choses qu'il faut garder, récupérer. Il parle de la culture européenne, de la nourriture.
Il parle de la country music aux USA.
Il y est allé plusieurs fois, surtout pour travailler.
Il n'est pas connu aux USA, aucun français ne l'est d'ailleurs. Les USA sont tellement grands que beaucoup de chanteurs ne sont pas connus dans tout le pays.
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Il parle de son nouvel album. Il y a beaucoup de guitare. Elles ont été faites en Angleterre. Il pense que les musiciens anglais se livrent plus que les français. C'est difficile pour que les français dépassent leur pudeur et se livrent réellement. Un musicien français doit savoir faire tous les genres, tandis que les anglais peuvent se spécialiser. Il parle de son guitariste français, Paul Person. Il fallait quelqu'un qui comprenne le texte.
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Il a enregistré en Angleterre et aux USA, ce qui donne deux genres différents dans l'album. Il y a deux approches différentes, deux sons.
Il parle de la présence forte des guitares. Il y a certaines chansons qui sont faites pour que la voix passe au second plan.
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Il parle du fait qu'il a joué avec des musiciens prestigieux. Il est toujours étonné que les choses prennent en studio. Il trouve que c'est merveilleux, la musique comme langage universelle. Il pense que les musiciens entre eux se comprendront toujours.
Il n'aime pas vraiment le studio. C'est aussi pour cela qu'il n'est plus producteur. Il n'est pas à l'aise d'être toujours enfermé. Le fait d'avoir un producteur permet aussi d'avoir une autre approche, d'autres références.
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Il parle des cuivres sur l'album. Il avait déjà travaillé avec eux plusieurs fois. Ils ont encore de l'humilité, tout est fait pour le bien-être du chanteur. Il parle de leurs qualités. Il pense qu'ils ont encore la véritable approche du métier.
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Il y a un hommage à Otis Redding dans l'album. Il ne voulait pas reprendre une chanson en français, mais plutôt écrire une chanson dans l'esprit d'Otis Redding. Il est content du résultat.
Il ne voulait pas fait un disque trop produit, il y a plutôt un esprit live. Il a été enregistré dans cette optique-là. Il y a peu d'arrangement, c'est un album simple.
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Il parle du fait qu'il est là depuis longtemps, à faire du blues. Il pense que ce sont des musiques difficiles. C'est une musique simple mais on ne peut pas y mettre des arrangements. Il parle des musiciens qui vont suivre des grandes écoles de musique. Il pense qu'actuellement il y a plus de technique que de musique, de techniciens que de musiciens.
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Il raconte comment s'est fait son duo avec Aaron Neville, des Neville Brothers. Il a toujours eu beaucoup de respect pour ce que font les Neville Brothers. Ils se sont croisés au Paléo festival de Nyon. Il lui a proposé de faire un duo ensemble. Puis il a réussi à convaincre la maison de disques. Ils ont refait un duo par la suite lors d'un passage d'Aaron Neville à Paris.
Il parle du fait que c'était une chanson assez difficile, et il est content d'avoir pu mélanger le français et l'anglais. Il est content d'avoir pu prouver que les a priori des critiques et médias français étaient faux. Il a fait le texte le matin même.
Ils parlent de la tessiture d'Aaron Neville.