Interview de la chanteuse béninoise Angélique Kidjo par Jean-Philippe Bernard

Enregistrée à l'occasion de la sortie de son album "Aye" en 1994.

Elle explique avoir écouté beaucoup d'albums pour trouver ses producteurs.
Elle parle aussi du studio dans lequel elle a enregistré, le studio de Prince. Elle pense que l'on sent que le studio a été créé par un musicien. Son album n'aurait pas été pareil dans un autre studio. Elle a apprécié le côté lumineux du studio. Il y a aussi une maintenance efficace, elle a trouvé cela très agréable.

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Elle parle de son tempérament, et explique que c'est difficile de lui faire faire quelque chose de calme. Son producteur David Z est très calme. Il n'avait jamais vu une artiste danser et crier dans le studio. Il était content de vivre cela. Elle est comme cela. Elle déprimerait avec le côté statique du studio.

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En arrivant au studio, tout était fait. Elle a eu de la peine à trouver les chansons pour l'album car il y en avait beaucoup. Elle a aussi trouvé difficile de choisir les producteurs en fonction des maquettes.

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Elle parle de son titre Aye, qui veut dire "la vie". C'est aussi une chanson de l'album, qui parle de la terre mère. Elle n'a jamais voulu faire de l'écologie mais elle pense que c'est le moment. Elle trouve que la situation fait froid dans le dos, elle ne veut pas que les enfants grandissent dans un monde pourri pour des questions d'intérêts. Il faut respecter la vie, et respecter la terre et l'aimer.

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L'album part de la terre, pour parler des problèmes des hommes qui sont sur cette terre. Elle parle de l'ignorance, du racisme car c'est de l'ignorance. De la place de l'homme noir dans le monde, car il n'arrive toujours pas à trouver sa place. Il n'est jamais perçu comme un être humain à part entière avec toute sa culture et son histoire. Elle parle aussi du fait d'être en bonne santé, car ce n'est pas si normal que cela. Elle parle du fait que la vie prend et donne de l'autre côté.
Elle parle d'une chanson sur la prostitution qu'elle avait chantée à Fri-Son. De la prostitution enfantine.
Elle parle aussi de l'amour. Car l'amour peut faire changer les choses et c'est cela qui va nous sauver. Sans amour il n'y a rien.
Elle parle aussi des SDF, des gens qui sont dans la rue alors que les gens achètent du caviar pour leurs chiens. On ne veut plus voir cela.
Elle parle de la déesse de la pluie et de l'humidité, lui demande de calmer les colères.
La dernière chanson, elle parle de sagesse.

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Elle parle de la société de consommation. Elle pense que les gens ne réfléchissent plus par eux-mêmes.
Elle pense que pour dire quelque chose, c'est plus facile de le faire dans sa langue maternelle. Mais elle aimerait aussi pouvoir chanter dans d'autres langues pour toucher, communiquer avec d'autres gens. C'est important de communiquer et dire ce que l'on a sur le cœur.

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Elle a hâte de partir en tournée. La scène c'est son élément premier, elle adore être sur scène.
Elle a une tournée qui va débuter en février.

Elle aimerait par-dessus tout aller dans des endroits défavorisés, mais c'est difficile car il n'y a pas de structures. Elle aimerait aller en Asie et en Afrique, car "ça fait 10 ans que je ne suis pas retournée chez moi".

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Elle pense que les gens en Afrique reçoivent bien son disque. Ils aiment jouer une musique, peu importe à quel point elle est sophistiquée, car c'est l'émotion qui compte.
Elle est très contente de voir comment les gens reçoivent sa musique mais en même temps il y a une grande responsabilité. Le fait d'être un modèle fait peur.

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Elle parle du piratage de la musique en Afrique. Elle n'a pas peur de cela. Les grands groupes européens ne font pas d'effort, de baisse de prix pour l'Afrique. Les gens aiment la musique, ils sont prêts à tout pour écouter de la musique. Elle dit que cela lui fait plaisir car peu importe la qualité, au moins les gens l'écoutent. Tout le monde y passe.
Elle s'en réjouit car c'est la seule solution pour que les gens écoutent de la musique. Si nos gouvernements faisaient quelque chose, les gens seraient contents de donner de l'argent aux musiciens. Il n'y a pas de droits d'auteur en Afrique.
La situation économique oblige le fait que la musique soit piratée.

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Elle pense qu'il n'y a pas les infrastructures en Afrique pour pouvoir s'exprimer. La musique c'est un luxe, un plaisir. Les gens font déjà énormément en achetant des cassettes pirates assez chères. Les gens ne vont pas créer un studio. Si cela arrive, il n'y a pas de maintenance, pas de personnes formées pour y travailler. Avant de penser à la musique, il faut s'intéresser à la société dans laquelle on s'intègre. Elle préfèrerait investir dans l'éducation et la santé avant d'investir dans la musique, car c'est la priorité.
Il faut créer des infrastructures dans la santé et l'éducation au Bénin et en Afrique. Elle parle du problème de manque de moyens, de matériel de soin, de médicaments. C'est un combat contre des géants pharmaceutiques.

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Elle reste optimiste face à tout cela, même si ce n'est pas toujours facile. S'il n'y a pas d'optimisme, c'est l'aigreur qui prend le dessus. Tant qu'il y aura des hommes sur terre, il y aura du positif. L'homme est capable du bon comme du mauvais. Si l'homme décide de se battre pour une bonne cause, il se bat comme un fauve. Elle admire cela chez l'être humain. Il y a encore des gens qui croient en l'être humain. Elle parle de Médecin sans Frontières.

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1 vœu: avoir toujours la santé, elle le souhaite à tout le monde. Car si on a la santé on peut tout faire, on ne s'en rend pas compte. Avoir une bonne santé c'est une richesse monstrueuse.