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Savary, Thierry
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Interview de Céline Dion

Interview de Céline Dion par Thierry Savary.

Céline Dion parle du fait que la musique c'est une histoire de famille pour elle. Elle a 13 frères et sœurs, et tout le monde dans sa famille chante, ses parents sont musiciens aussi.
Dans sa famille tout le monde l'encourage, c'est son grand support
Il y a quelques membres de sa famille qui ont fait des disques, mais ils ont arrêté en ayant une famille. Il faut tout donner pour faire une carrière de chanteuse dans le show business. Le talent ne suffit pas, il faut beaucoup de travail.
Elle joue de certains instruments mais juste pour le plaisir, elle n'a pas le niveau pour faire plus.

00:02:10
Elle a enregistré son premier album grâce à sa mère. Elle voulait chanter, et sa mère a dit d'accord mais professionnellement. Elle lui a écrit une chanson, son frère et elle ont fait une démo chez eux, puis ils sont allés faire une démo dans un studio. Elle avait 12 ans, et elle a rencontré son impresario avec lequel elle travaille encore.

00:03:13
Quand elle a enregistré la chanson de sa mère "Ce n'était qu'un rêve", elle était stressée, mais pas impressionnée car elle ne trouve pas qu'un studio d'enregistrement soit impressionnant. Mais elle était très nerveuse pour cette première expérience. Elle a enregistré en live, cela ne se fait plus aujourd'hui.

Pour l'aider à réussir, elle a toujours pu compter sur le soutien de ses parents, de sa famille. Il faut aussi avoir "le flair" pour trouver la bonne compagnie de disques, des gens qui travaillent pour que tu réalises ton rêve, pas juste un projet.

00:05:10
Elle a toujours eu de la chance depuis le début de sa carrière, elle a toujours eu des gens bons autour d'elle.
Elle croit au destin, au timing, au travail et à la chance. Mais énormément au destin. Elle pense que ce qui lui arrive devait arriver.

00:06:10
Il faut aussi de l'ambition, "je ne crois pas que tu puisses trouver quelqu'un qui veut plus que moi". Elle dit que quand elle veut quelque chose elle finit par y arriver, elle s'y consacre.

00:06:35
Elle parle de ses prix. Il n'y en a pas qui lui font plus plaisir que d'autres, ils font tous plaisir. Juste d'être nominée ça fait plaisir. Chaque fois qu'elle gagne elle pense à remercier les gens qui travaillent dans l'ombre, car on ne peut pas y arriver tout seul. Elle pense que c'est important de remercier la maison de disques, la famille, tous les gens qui ont travaillé pour que tu y arrives.

00:08:05
TS parle de l'Eurovision pour la Suisse.
Son "gérant" est ami avec un suisse, qui lui a proposé la chanson. L'Eurovision n'est pas connue au Canada. Elle ne comprenait pas comment c'était possible de représenter la Suisse. Elle a gagné, elle était très fière. Elle aime bien quand il y a de la pression. Elle ne voulait pas décevoir la Suisse. C'est une merveilleuse expérience.

00:09:30
En studio, il n'y a pas de pression, si on se trompe on recommence. On peut faire des pauses. Sur scène si on se trompe c'est trop tard. C'est pour ça que c'est ce qu'elle préfère, car c'est sa maison, personne ne peut lui faire du mal. Elle a des gens en face, des musiciens. Chanter en live c'est ce qu'elle préfère.

00:10:45
A l'intérieur, elle est timide, pas forcément forte. Mais sur scène elle sent que la force en elle prend tout le contrôle, elle se sent forte, heureuse, bien. Elle se sent elle-même. Quand elle chante, elle est plusieurs personnes. Comme "Meryl Streep" dans un film. Pour elle, quand elle chante, elle chante un petit film, elle voit des images et elle doit devenir ce personnage. Ce qui l'amuse beaucoup. Elle aimerait bien faire des films. Elle a fait une minisérie pour la TV canadienne et elle a eu une satisfaction incroyable.

00:12:40
A la TV elle sent qu'elle fait son travail, pas quand elle chante. Quand elle fait des interviews c'est son travail. Si elle chante que ce soit à la télé ou ailleurs, tant qu'il y a une scène, c'est sa maison.

00:13:25
Elle fait ce métier déjà depuis 11 ans. Elle n'avait pas d'images du métier. Elle fait son maximum. Elle pense qu'elle n'aura jamais fini, qu'elle aura toujours quelque chose à faire.

00:14:40
Une journée sans musique ce n'est pas difficile. Elle aime chanter, mais il y a le travail aussi. Quand elle peut se reposer elle n'a pas envie de chanter, juste se reposer.

00:15:30
Elle est passée par plusieurs étapes, TS lui demande comment elle se sent dans les grandes ou petites salles.
A Montréal, il y a le Théâtre Saint Denis, de 2300 personnes. Il y a 2 ans elle a fait 42 spectacles d'affilée. 2300 personne c'est intime, c'est comme un salon, c'est chaleureux. Elle aime beaucoup ça. Elle a aussi fait le Forum à Montréal, où il y a 15'000 personnes et elle a aussi beaucoup aimé ça. C'est plus rock'n'roll, c'est la fête. Pour le son c'est terrible mais pour l'ambiance c'est mieux, c'est une ambiance de fête. Tu dois crier. Une petite salle c'est plus intime, chaleureux. Elle aime beaucoup les deux ambiances.

00:17:15
Il n'y pas vraiment de liens entre les chanteurs francophones du Canada. Mais s'ils se croisent sur les plateaux télé ils s’encouragent.
Il y a quand même un mouvement de chanson française qu'ils défendent. C'est important de garder la langue pour les québécois. Elle fait les deux, français et anglais et aime les deux.

00:18:25
Parle de Luc Plamondon. Elle a déjà travaillé avec lui sur un album et avait beaucoup aimé cela. Elle a fait des reprises de Starmania. Puis elle a réussi comme ça à le convaincre de travailler avec lui, ils ont fait un album entier ensemble. Ils ont enregistré à Paris au studio de Michel Berger et ont passé un très bon moment.

00:19:50
Il n'y a pas de différence d'enregistrer en Europe ou aux USA. Cela dépend surtout du producteur. C'est une question d'individus.

00:20:40
Plamondon est connu pour la qualité de ses textes. Céline Dion trouve qu'il écrit des textes merveilleux, elle a beaucoup aimé travailler avec lui, il est jeune dans sa tête. Malgré la différence d'âge ils ont été élevés de la même façon.

00:21:50
Dans "Je danse dans ma tête", il y a un passage compliqué. Quand elle a entendu la chanson la première fois ce passage était au synthé. Puis ils ont essayé et ça a marché. Elle a trouvé ça drôle et ils ont gardé la voix au lieu du piano.

00:23:07
C'est aussi un pied de nez au samplig et parce qu'on pensait qu'elle n'y arrivait pas alors elle aurait tout fait pour y arriver. Elle aime essayer avant de dire qu'elle n'est pas capable.

00:23:50
Deux albums en français et en anglais, car elle a deux carrières. Elle aimerait beaucoup chanter dans les deux langues toute sa vie.

00:24:25
Maintenant qu'elle commence à être connue aux USA les gens s'intéressent à ses albums francophones.

00:24:45
Elle ne pense pas que son métier passe trop vite, mais sa vie de tous les jours passe trop vite. De se voir vieillir avant de sentir les choses. Elle se voit et s'entend vieillir mais elle ne le sens pas.
Tout va très rapidement, elle n'a pas le temps de vivre chaque étape, tout va très vite mais elle est comblée.

00:26:00
Elle a prévu une tournée aux USA mais pas encore en Europe.

[Enregistrement coupé, il manque la fin]

Savary, Thierry

Interview de Seis del Solar

Interview du groupe Seis del Solar par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Montreux Jazz festival en juillet 1992.

On les connait pour avoir accompagné Ruben Blades.
Ils ont décidé de former un groupe et faire un album, Ruben en parle déjà depuis des années. Tous les membres ont de l'expérience et ont joué avec e grands artistes du Latin Jazz, comme Miles Davis, Chaka Khan, Ashford and Simpson, David Birne, David Bowie, Michel Camillo, Paquito de Rivera, Tito Fuentes, Celia Cruz et beaucoup d'autres. Les plus grands artistes du genre.
Ils vont continuer à accompagner Ruben mais pour l'instant ils se consacrent à la promotion de leur album solo "Decisiones".

00:01:09
Ils ont un style unique, que personne n'a fait jusqu'à aujourd'hui qui mélange le pop, le jazz, la musique fusion et bien sûr la musique latine car ce sont leurs racines. Ils ont mis ensemble beaucoup d'éléments pour créer ce nouvel album, ce son. Ils espèrent que les gens vont comprendre ce qu'ils font et ils savent qu'en Europe les gens sont plus ouverts à ce style de musique fusion et ils espèrent que le public va aimer.

00:01:50
La plupart des membres viennent de Puerto Rico mais ont grandis aux USA. La plupart sont de la deuxième génération d'immigrés latinos. Ils parlent anglais et espagnol, ils ont les deux cultures. Il y a beaucoup de portoricains à NY, ils soutiennent la musique latina, le courant salsero.

00:03:00
Ruben Blades est un grand artiste. Il a de très beaux textes et a eu beaucoup d'influence sur la musique qu'ils font. Mais ils ont fait beaucoup des arrangements de Ruben, et donc Ruben a adopté le style qu'eux faisait depuis longtemps.

00:03:35
Ils espèrent que le public va apprécier leur son propre et la qualité de leur musique et qu'il y ait une communication avec le public.

00:04:05
NY est une bonne ville pour faire de la musique., NY a le meilleur et le pire de tout. Il y a tellement de musique à NY, sans dénigrer les autres endroits mais NY est unique.

00:04:45
3 vœux: Personnellement il aimerait pouvoir continuer à faire ce qu'il fait mais de plus en plus confortablement et de mieux en mieux. Car c'est parfois dur la vie de musicien. Et pour le groupe, comme c'est leur première expérience et que le groupe débute, il espère que le public va comprendre et aimer ce qu'ils font et soutenir le groupe.

Savary, Thierry

Interview de Malou

Interview du chanteur de flamenco Malou par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Paléo festival en juillet 1992.

Malou explique qu'il est né à Madrid, puis a passé une partie de son enfance en France où il a appris le français. Il a maintenu la langue après son retour en Espagne. Il a décidé de voyager pour faire découvrir sa musique.

Ils ont toujours écouté du flamenco à la maison, son père aime beaucoup ça et l'a initié au flamenco. Son père l'a toujours encouragé. La première musique qu'il a entendue.

Mais il ne fait pas que ça, TS parle même de notes de rock. Il y a un univers plus personnalisé que le flamenco traditionnel dans son disque. Il a gardé les racines du flamenco avec des choses nouvelles, en y greffant de nouvelles sonorités. Il continue à faire du traditionnel sur scène, il part de ça pour faire monter son spectacle vers un style plus évolué. Il essaie d'être créatif et plus actuel.

00:03:30
La musique c'est l'homme entier. Le flamenco ne peut pas être pur, c'est la personne qui le fait qui peut être pure. La pureté c'est celle qui se dégage en étant fidèle à son sentiment.

00:04:00
TS parle de l'image du flamenco gitan. Malou n'a jamais été gitan même s'il les a fréquentés à Madrid. Il explique que le flamenco et les gitans ça ne va pas de pair, le flamenco ne vient pas des gitans. Leur folklore est autre. Le flamenco c'est la musique du centre au sud de l'Espagne. Paco de Lucía n'est pas gitant, et c'est lui qui a mis le flamenco au gout du jour.

00:06:18
TS parle du flamenco comme une musique sui reflète toutes les étapes de la vie. Malou explique que le flamenco en Espagne c'est comme le blues. On chante les joies et les peines, la naissance et la mort. C'est une façon de vivre, toute une histoire. C'est une musique très large, il y a 60 styles différents. On a d'abord chanté le flamenco, la guitare est arrivée après. Et en dernier la danse. Les jeunes sont venus coller d'autres instruments, des congas, des guitares électriques... et il fait partie de ces gens qui essaient de ne pas le faire mourir.

00:08:20
Il chante surtout à l'amour, car il pense que c'est quelque chose qui se perd, que tout va trop vite, et on va tellement vite qu'on ne voit plus les belles choses. Il chante à l'amour au sens très large. Il parle de sa chanson "No partiré" qui parle d'une histoire entre deux insectes par exemple. Il y aussi une chanson contre le racisme. Quand il fait une critique il essaie de le faire de manière constructive. Le thème principal de ses chansons c'est l'amour expliqué à sa façon.

00:10:05
Pour TS le flamenco est une musique de scène, de fête. Malou explique qu'à la base ce n'est pas une musique pour être sur scène, mais pour être jouée en petits groupe, jamais en spectacles. A la base ce sont des chants qui se font uniquement en famille. C'est d'ailleurs risqué de faire du flamenco traditionnel dans un contexte comme Nyon. Mais il aime prendre des risques.

00:11:30
TS les gens ont besoin de revenir à des valeurs plus sures et traditionnelles? Malou pense qu'après un passage aux musiques synthétiques, on voit que les gens ont besoin d'un retour au traditionnel, à l'écologie. Il y a beaucoup de gens qui restent près de la terre.

00:12:50
Est-ce que le destin d'être chanteur? Il pense qu'en partie, mais qu'il y a fallu beaucoup travailler en prenant une métaphore de plante.
Il fait cette musique car il était très bien en chantant et moins à l'école, et le flamenco est tellement riche qu'on ne peut jamais tout savoir, qui est pleine de mystère.

00:14:00
Spiritualité?
C'est une recherche continue la musique, dans la manière de faire sonner les cordes vocales, un mélange de sentiments, une sorte de magie. En ce moment il y a une sorte de sympathie pour le flamenco, mais il existait avant et il restera après.

00:15:00
Définitions:
Richesse: elle se passe à l'intérieur, c'est la richesse humaine
Pauvreté: aussi à l'intérieur, être pauvre d'esprit la pire pauvreté.
Amour: élément principal pour mieux comprendre les autres et soi-même.
Terre: notre petit appart dont on est tous locataires

00:15:50
3 vœux: moins d'enfants qui pleurent, payer à ses parents un tour du monde pour qu'ils puissent connaitre le monde, que les gens s'aiment entre eux et qu'ils oublient les histoires de couleurs et de frontières.

Savary, Thierry

Interview de John Hammond

Interview du bluesman John Hammond par Thierry Savary.

Enregistrée probablement à l'occasion de son passage à La Spirale, Fribourg, le 11 avril 1992.

John Hammond n'a pas grandi avec son père qui est un grand producteur qui a produit Billie Holliday, Aretha Franklin, Bob Dylan, ou Bruce Springsteen. Il n'a pas grandi avec lui mais avec sa mère et son frère. Il a commencé tard, à 18 ans à jouer de la guitare, et à 19 ans professionnellement. C'est arrivé très vite. Il était fan de blues, avait beaucoup de disque et allait souvent voir des artistes. Il a vite compris qu'il voulait faire de la musique grâce à cela.

00:01:03
TS demande l'influence de son père dans a carrière.
JH explique que c'était facile de devenir musicien mais dur de parler business avec des gens qui idolâtraient son père qui n'était pas musicien. Tout le monde était impressionné et ça a été dur de s'imposer. Il n'a jamais eu de problème dans les clubs car les gens qui venaient ne connaissaient pas son père.

00:01:55
TS demande d'où vient sa passion pour le blues.
JH dit que c'est difficile à expliquer, qu'il a commencé à acheter cette musique dans les années 50 et qu'il gravite autour car il ressent quelque chose à travers cette musique.

00:02:24
TS demande si différent en étant blanc.
JH dit que ça n'a jamais été un problème, qu'il aime tellement cette musique que ça ne l'a jamais gêné. Il joue avec des musiciens très connus comme Muddy Water, Howlin Wolf, John Lee Hooker, Jimmy Reid et d'autres. Ils encouragent et aime sa façon de jouer. Il n'y a que des journalistes que cette différence a intéressés.

00:03:25
TS: un feeling propre au blues?
JH: C'est une musique très honnête, où on donne tout, toutes ses émotions. C'est très passionnel, très simple mais aussi complexe

00:03:45
TS: quelle expérience, rencontre l'a le plus marqué?
JH il y en a eu plein. Au début de sa carrière à LA, il a rencontré Pop Steples qui l'a beaucoup encouragé, qui lui a donné un élan et qui était si formidable. Ça a été une bonne façon de commencer sa carrière.

00:04:40
Parle du nouvel album, qui représente tout ce qu'il a fait depuis le début de sa carrière. Il a travaillé avec J.J. Cole qui est très talentueux, une très bonne expérience. John Lee Hoover qui est un ami, avec lequel il a fait un duo, et d'autres gens. Il est très content du projet et de son label.

00:06:40
Il a beaucoup travaillé avec John Lee Hooker et quand il joue avec lui il y a quelque chose d'un temps ancien qui refait surface.

00:07:45
Dans les petites salles on est plus proche des gens, c'est très intime, c'est plus intense. Dans les grandes salles il n'y pas cette proximité mais il aime quand même ça car l'artiste est reconnu et comme placé sur un piédestal mais il aime mieux les petites salles.

00:08:45
Jouer solo c'est important, c'est la passion de la musique. C'est l'essence même du blues.

Le blues n'a jamais disparu. C'est la base de la pop qu'on entend à la radio, Le blues ne disparait jamais car c'est la base des relations, entre hommes et femmes, entre les individus, qui n'ont pas changées. Les bases restent toujours et on est toujours aussi stupides que toujours, les problèmes sont toujours les mêmes.

00:10:20
Quand il a débuté il a joué dans les rues car il jouait là où il pouvait, dans les rues ou dans les cafés. Il n'avait pas peur de jouer partout, et c'est nécessaire de vouloir faire ce qu'il faut, il faut commencer quelque part et si tu as la musique en toi il faut qu'elle sorte.

00:11:15
Voyager fait partie de la vie de musiciens, ça va avec le travail. Il faut apprendre à aimer ça. Il faut apprendre à être seul, bouger tout le temps. C'est très dur d'avoir des relations, il a été divorcé 3 fois, il ne voit pas beaucoup ses enfants, ce n'est vraiment pas fait pour tout le monde.

00:12:40
TS demande si c'est un "Way of Life"
JH répond que c'est sa seule façon de vivre, qu'il ne saurait pas quoi faire d'autre.

Savary, Thierry

Interview de Jad Wio

Interview du groupe de rock français Jad Wio par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Belluard festival, Fribourg, le 26 juin 1992.

Jad Wio (Denis Bortek et Christophe K-Bye à la base) parlent de leur nouvel album-concept et nouveau spectacle "Fleur de Métal".

Ils expliquent l'histoire de Fleur de Métal.
Les personnages écrits correspondent à chaque musicien.
Ils veulent faire un show cosmique, plus qu'un spectacle, tout un aménagement en fonction des titres. Le show dure 2h.

TS demande s'il y a un mode de vie derrière.
Jad Wio répond que non, mais il y a quand même une sensibilité au travers des événements, une sensibilité masculine moderne.
Au départ Jad Wio c'était un duo, ils ont voulu s'agrandir. Il n'y a pas de direction, si ce n'est l'ouverture du groupe, qui essaie à chaque fois de faire quelque chose de nouveau, un nouveau mode de création. Ils ont toujours eu une démarche singulière et autonome

00:03:15
Tout demande du temps. Jad Wio c'est une histoire sur plusieurs années, des gens qui essaient de vivre ensemble le mieux et de la façon la plus drôle possible, en s'éclatant avec des shows de grande qualité.

00:04:00
Les personnages restent en eux en dehors de la scène. Il y a beaucoup de rigolade et de dérision dans le groupe, beaucoup d'humour.

00:04:30
C'est un disque concept, mais on peut aussi bien l'écouter du début à la fin ou prendre les chansons indépendamment.

00:05:00
TS: Pourquoi l'espace?
C'est une projection, un rêve, ils se sont toujours imaginés un jour voyagé dans l'espace comme on prend l’avion. Un rêve d'enfants.
Une recherche du cosmique, un monde imaginaire mais en même temps dimensionnel car ils travaillent dessus depuis plusieurs mois, ils sont dedans, leur environnement au quotidien.

00:06:00
TS: Une sorte de new age, un idéal?
Oui car ce que recherche le new age c'est une nouvelle manière de penser. Peut-être dans la chanson mystère, ou le personnage se pose des questions. Mais ils ne pensent pas encore être à ce stade, ils sont encore rock'n'roll et voyou. C'est l'anticipation du rêve. Ils ne sont pas des "fashion victimes avec plein de synthés".
Ils adorent le studio mais sur scène c'est plus vivant, c'est de la vraie musique. Tout est arrangé en fonction de la scène.

00:07:50
La scène est plus importante?
Oui, ça dépasse le format audio, sur scène on est vivants.

00:08:10
Et dans le studio?
L'idée est arrivée en 1990, ils ont écrit plein de chansons dans ce thème-là. Il est complétement cosmique, chez lui aussi. C'est un trip à fond.
C'est plutôt bénéfique.

00:09:00
TS: On recherche un renouveau?
Oui, on arrive en fin de siècle, on se pose plein de questions, on cherche, on regarde ce qu'il y avait de bien dans les décennies précédentes. Ils essaient de mélanger tout ce qu'il y avait de bien.

00:09:35
3 vœux: se téléporter dès qu'il en a envie, vivre longtemps entourés des gens qu'il aime et qui l'aime. Le dernier est gros, c'est un double vœux!

Savary, Thierry

Interview de Youssou N'Dour

Interview du chanteur Youssou N'Dour par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Paléo festival en juillet 1992.

Il explique qu'il est né pour être musicien, que dans sa famille tout le monde chantait. Dans sa jeunesse il a été encouragé par sa famille à être chanteur.
Il est un griot moderne car il écrit avec ses idées personnelles.
Son rôle c'est d'apporter des messages, de donner un message actuel.
C'est le même message pour tous les jeunes que ce soit en occident ou en Afrique car il y a une même ambition et envie de rencontre, de justice, de paix de liberté

00:01:30
Il garde un respect des traditions africaines, c'est pour ça qu'il est moderne ,car il dit ce qu'il vit.

00:02:00
TS dit qu'il a beaucoup évolué.
Il dit que c'est en s'éloignant de ses réalités qu'on se rend compte de l'impact des choses. Le fait de voyager l'a rassuré dans le bien-fondé de sa musique, dans son impact.
Les voyages apprennent sur l'engagement personnel, ça l'a aidé à s'engager plus.

00:03:00
Le rôle du musicien est d'écrire des chansons qui touchent les populations, qui les informent.

00:03:20
La musique c'est une force divine, c'est quelque chose qui vient de lui, et c'est très important.

00:03:45
TS: Il existe un choc de culture?
L'occident, public et musiciens, reconnaissent qu'ils doivent quelque chose à l'Afrique. Cette reconnaissance c'est que le choc des cultures est inévitable.
Il ne se sent pas déraciné, même si sa démarche n'est pas très commune ici. Grace à sa démarche il n'est pas déraciné.

00:05:00
Son groupe c'est un peu sa famille, il les remercie de l'engagement sur la recherche, l'évolution de la musique.
Il a le dernier mot mais les musiciens participent beaucoup à la création des chansons. C'est formidable de travailler au sein d'un groupe car il y a beaucoup d'approches différentes.

00:06:00
TS une rencontre particulière?
La rencontre musicale la plus importante c'est [Peter] Gabriel, car on donne et on reçoit. Ils sont restés très complices depuis longtemps
Il ne pense pas que c'était le destin mais une envie de Peter Gabriel surtout dans cette rencontre, une intension positive.

00:07:15
Définitions:
Richesse: une chose nécessaire pour la vie, tout le monde fait tout pour être riche. Mais en même temps lui ne veut pas l'être, il veut juste être bien.
Pauvreté: en regardant les riches, les pauvres se disent pourquoi il y a des riches, et inversement. Les pauvres n'ont pas besoin de beaucoup pour être bien.
Amour: la chose la plus importante. Quand on aime quelqu'un c'est très fort, on ne peut pas aimer et en même temps ne pas aimer. On aime quelqu'un avec ses défauts et qualités.
Terre: elle est à protéger, c'est la seule chose naturelle. C'est la même partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres.

TS: la terre est plus importante au tiers monde?
Oui, par exemple la pluie dans les pays pauvres c'est quelque chose de très important alors qu'ici en occident ils ne l'aiment pas.

00:09:40
Il se considère comme un artiste engagé pour les causes justes

Ses 3 vœux: il aimerait arriver avec la musique comme Bob Marley l'a fait avec le reggae, voir ses enfants évoluer plus tard et plus de paix dans le monde.

00:10:10
Il a évolué par rapport à sa jeunesse, il a vécu des obstacles, chaque jour quelque chose peut arriver, c'est ça la vie. C'est fait de bonheur et d'obstacles.

00:10:55
TS votre dernier album est un retour aux sources?
L'album a pris 4-5 mois réaliser, il a été enregistré en Afrique, avec plus de percussions. Les machines sont les mêmes mais il se sent plus fort et confiant de produire en Afrique. Il aime beaucoup l'Afrique, Dakar, c'est important pour sa musique d'être avec sa famille et ses amis.

Savary, Thierry

Interview d'Extreme

Interview du groupe de hard rock et funk metal Extreme par Thierry Savary.

Enregistrée probablement à l'occasion de leur passage au Paléo festival en juillet 1992.

TS: Vous êtes nés pour ce métier?
Il a toujours été attiré par la musique., depuis l'enfance il a toujours été entouré de musique.

TS: Est-ce que c'est un rêve d'enfant?
Depuis petit il a toujours aimé ça mais il n'en rêvait pas, mais en jouant c'est devenu un rêve.

TS: Votre rêve d'enfant correspond à la réalité?
Les bonnes choses oui,

00:01:00
TS: D'où vient votre inspiration, du rock, du funk, d'autres influences?
De tous les groupes qu'ils ont écoutés en grandissant, Led Zeppelin, Queen, Aerosmith, ça dépend si on fait du rock ou du funk.

TS: Qu'est-ce que le chant vous apporte par rapport à la basse?
C'est assez difficile, il faut séparer la mélodie, il faut apprendre à faire 2 choses en même temps.

00:02:25
TS: Il faut sacrifier beaucoup pour être musicien?
La vie privée c'est ce qu'il faut sacrifier le plus. La famille, les amis manquent, on n’a pas de maison car on habite toujours dans des hôtels.

00:03:00
TS: Le groupe est devenu une famille?
Oui vraiment, avec le reste de l'équipe. Ils sont restés les mêmes 4 qui jouaient dans des clubs à Boston. Ils sont unis depuis le début.

00:03:40
TS: La musique est votre priorité dans la vie?
Pas la seule, mais c'est la plus grande passion. La maison, la famille, les amis c'est une priorité plus grande.

00:04:18
TS: Je défini votre musique comme une musique agressive jouée de manière positive. Qu'en pensez-vous?
Les choses plus heavies sont plus agressives, mais leurs messages sont positifs. Gary l'auteur observe beaucoup et il a des choses à dire. Ils ne chantent pas que des chansons d'amour.

00:05
TS: Est-ce que c'est le rôle d'un groupe de passer des messages au public?
Ce n'est pas un devoir, mais les gens devraient être plus conscients Il ne faut pas donner aux jeunes des messages négatifs, il faut une sorte de conscience.

00:06:13
TS: La musique est devenue une façon de vivre pour vous?
Définitivement. La musique c'est la raison pour laquelle ils font ce qu'ils font. Il n’aurait jamais rêvé de voir tous ces endroits. Cela fait changer la manière de vivre

TS: Est-ce que le style de vie rock'n'roll existe toujours pour vous?
Il pense que ça a changé, c'était dans les années 60 et 70, les gens sont plus responsables maintenant. Le business est devenu une part importante de la musique et a changé la manière d'écrire des chansons.

00:07:50
TS: En vous écoutant j'ai parfois l'impression que vous êtes des guerriers et parfois des romantiques. Est-ce possible?
Oui c'est possible, il y a un peu de chacun des membres du groupe dans les textes, de ce qui les entoure aussi.

TS La musique c'est d'abord de l'émotion?
C'est pour ça que tout le monde peut avoir un lien avec la musique.

00:08:40
TS: Est-ce que les voyages vous ont appris beaucoup?
La plupart des choses ils les voient à travers les vitres du bus, ils n’ont pas le temps de s'arrêter, de voir les endroits à moins d'avoir un jour de pause.

TS: Définitions:
Richesse: ça peut être plusieurs choses. Un sentiment d'accomplissement. Avant on faisait de la bonne musique mais personne ne nous écoutait, maintenant on est riches dans le sens qu'on a eu un certain succès. Cela peut aussi être avoir de l'argent, en ce moment aux USA la situation économique est compliquée. Ça peut vouloir dire la nourriture.

Pauvreté: On a récemment joué à Rio et en Amérique du Sud. C'est une des régions les plus pauvres que j'ai vues. Le gouvernement contrôle les richesses. C'est étrange de ressentir que les gens ont moins de chance.

Amour toujours: Je ne pense pas que ça arrive encore, il y a beaucoup de divorces et de séparations. Le seul amour pour toujours c'est la famille, les parents.

La terre: C'est aussi triste de voir ce que les gens en ont fait durant les 100 dernières années. On a inventé la voiture, on brule des choses, on détruit cet endroit. C'est bien de voir qu'il y a des endroits encore vierges.

00:12:40
Il parle de jouer des chansons de manière acoustique, il pense que ce serait possible. Il trouve que c'est fun. En tournée c'est bien de faire un peu les choses différemment pour ne pas se lasser.

00:13:30
Il est très satisfait de son métier, il fait partie des rares gens qui ont du succès et de voir le groupe grandir et d'avoir un grand public et être connu c'est vraiment bien.

00:14:00
La scène c'est ce qu'ils ont le plus fait et ce qu'ils préfèrent.
TS: est-ce qu'il y a une notion de pouvoir?
Sur scène il faut avoir dans ta tête que tu possèdes la scène, que tu as de l'autorité :les gens qui chantent tes chansons te donnent un sentiment de pourvoir.
On est une personne différente sur scène qu'en privé. Sur scène on laisse sortir les démons, une facette de nous, on met toute notre énergie.

00:15:45
Ils ont eu plusieurs rencontres importantes. Premièrement se rencontrer entre membres du groupe. Il y a aussi les manager et les gens de la maison de disques.

00:16:20
Dès les débuts on veut toujours avoir du succès, mais pour y arriver il faut faire de petits pas donc la première étape c'est de trouver un label.
Les choses se sont faites naturellement. Pour faire les tournées, ils avaient tellement l'habitude de jouer ensemble que ce n'a pas été un problème. Pour les albums aussi.

00:18:00
3 vœux: Ce n’est pas facile. Pouvoir faire des tournées dans le monde dans des stades, avoir une longue carrière ensemble, être heureux dans sa vie privée car la musique c'est juste une partie de la vie.

Savary, Thierry

Interview de Khaled

Interview du chanteur de raï Khaled par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Leysin Rock festival en juillet 1992.

Khaled dit qu'il est né avec la musique. Personne n'est musicien dans sa famille. C'est un don.
Il a étudié le français à l'école.
Il parle de Renaud, de son attitude, de l'attitude des artistes parfois.
Il parle des autres artistes francophones, de Johnny, d'Adamo qu'il écoutait quand il était jeune. Etant enfant il avait envie du contact avec ces gens, et il ne comprend pas que les gens se moquent de lui quand il leur parle, ou les artistes qui refusent de faire des autographes.
Il parle des engagements de l'artiste, et du respect qu'il doit avoir.
Il y a partout des ânes.
00:07:40
Le respect c'est important. Il respect tout le monde car il n'était pas respecté.
Il parle aussi de l'influence de l'artiste.

Savary, Thierry

Interview de Kirsten Gustafson

Interview de la chanteuse jazz Kirsten Gustafson par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Montreux Jazz festival en juillet 1992.

Elle dit qu'elle est née pour la musique, que déjà toute petite elle chantait devant la télévision. C'est une façon de vivre maintenant mais pendant longtemps c'était un rêve. Elle n'en est qu'au début.

Elle a fait beaucoup de sacrifices pour en arriver là.

00:01:05
C'est difficile de voyager autant, et ça ne devient pas plus facile. Il faut toujours travailler pour faire en sorte que tout se passe bien avec le reste de l'équipe.
Elle est douée pour s'adapter à de nouvelles situations. Il y a beaucoup de sacrifices à faire aussi avec ses proches, ses amis. Mais les expériences forgent qui ont est maintenant. La musique c'est sa vie.

00:02:15
Le jazz c'est la liberté, ce qu'elle aime le plus c'est cette liberté. Elle aime les standards mais elle n'aime pas trop la pop ou fusion. La musique doit avoir un "feeling", vouloir dire quelque chose.
Elle ne sait pas d'où sa propre voix vient, c'est naturel. Quand elle aime une chanson elle l'apprend, elle l'écoute, plusieurs versions et après elle se met dans la chanson.

00:03:30
La musique vient de l'émotion, de l'écoute.
Elle a parfois l'impression d'être deux personnes différentes entre la scène et la vie. C'est drôle d'un jour être sur scène et le lendemain nettoyer le sol.

00:L04:15
Il y a définitivement une dimension spirituelle dans la musique.

Le premier album c'est comme un rêve, c'est drôle de l'avoir dans les mains. Elle est contente de cet album, cela prend du temps mais elle est généralement contente du résultat. Le producteur et les musiciens ont fait un très bon travail.

00:05:23
Les définitions:
Richelle: quelque chose de complet, d'abondant, plutôt un mot positif.
Pauvreté: ce n'est pas drôle mais si on arrive à en rire c'est moins dur.
L'amour toujours: elle pense que ça devrait durer toujours.
La terre: elle a beaucoup pensé à la terre en enregistrant une chanson de l'album "In the beginning", qui parle de la terre et de ce qu'on lui a fait. Quand elle a vu les paroles elle devait l'enregistrer.

00:07:00
Elle rêve de musique, et même parfois de musique.

3 vœux: voyager et chanter, être heureuse, rendre d'autres gens heureux.

Savary, Thierry

Interview de Zachary Richard

Interview de Zachary Richard par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Leysin Rock festival en juillet 1992.

Il parle du travail de studio, associé à la création. Ce qu'il aime c'est l'acte de création, écrire de nouvelle chanson qu'il rapproche à la religion car c'est un phénomène mystique. Puis il y a le côté magique de la scène. Il a appris le métier en Louisiane, ou la musique est là pour servir la danse, une sorte de célébration tribale. Les gens se retrouvent pour manifester leur joie de vivre.
Le musicien est une sorte de prêtre, et il y a un phénomène magique qui se passe c'est que quand on joue on n'est pas du tout conscient de sa personnalité. C'est une manifestation primaire de l'homme qui se réunit depuis l'âge de pierre pour faire du son et oublier ses peines.

00:02:27
TS demande s'il pense avoir été appelé pour ce travail.
ZR: il a été étudier à 14 ans pour devenir prêtre, ça c'était une vocation. Il a essayé plusieurs métiers, et une fois qu'il s'est débarrassé de tout cela il restait la musique. Ses parents étaient tristes quand il a quitté l'université pour devenir musicien. Après toutes ces désillusions, tout ce qu'il avait envie de faire c'était de la musique. Pas forcément comme métier. Puis il a gagné un peu d'argent avec la musique, et c'est allé comme ça.

00:04:30
TS: faire de la musique et être prêtre, envie de communiquer?
ZR: oui mais c'est moins rigide. En chantant, il veut évoquer le même sentiment que lui a provoqué la chanson. Pouvoir communiquer ses émotions et ses sentiments c'est le plus important, ce sont des choses simples mais qui peuvent toucher des gens de partout.

00:05:50
La musique ça rend fou! Une fois qu'on se débarrasse de toutes les choses qi nous aveuglent au quotidien, on voit plus clair. Et la musique c'est ça. Les autres arts ne sont pas immédiats, à part la danse et la musique. On peut atteindre un état d'actualité pur. C'est physique et spirituel.

00:07:15
Il vient de la campagne près de la Nouvelle Orléans, en Louisiane, dans le pays des acadiens. Il fait partie de la septième génération d'acadiens. Même si c'est à la campagne il y a des influences musicales de la Nouvelle Orléans dans ce qu'il fait.

00:08:00
Nouvelle Orléans a une histoire unique. Avant la guerre de Sécession déjà, c'était une ville très sophistiquée et une rencontre de plein d'ethnies, des français, espagnols, africains,... Le seul endroit où les esclaves avaient le droit de se réunir. Il se retrouver pour danser et jouer du tambour. Ils ont gardé un lien très fort avec l'Afrique. Tout cela a eu une influence très forte sur la musique de la Nouvelle Orléans.

00:11:10
TS: Un clivage entre noirs et blanc à la Nouvelle Orléans?
Alors ça se passe bien, mais ce n'est pas non plus facile. C'est très compliqué aux USA ces relations noirs et blancs. En Louisiane il y a une approche différente des autres régions des USA. Toute l'histoire des relations est différente, ZR explique un peu l'histoire de ces relations. Il y a toujours eu des gens de couleur libres en Louisiane.
Aujourd'hui encore, 60% de la population de la ville de la Nouvelle Orléans et noire. Toute l'histoire fait que les relations sont plus faciles, plus humaines, il y a moins de préjugés et de racisme, mais tout n'est pas parfait non plus.
En plus dans une ville aussi musicale, les musiciens ont un statut très important, et il n'y a pas de couleur dans la musique. Tout cela déteint sur la société.

00:15:55
Richesse: le luxe: c'est d'avoir le temps de faire ce que l'on a envie de faire. La plus grande richesse c'est de pouvoir satisfaire ses envies et ses disciplines, et avoir le temps d'aller au bout de ses expériences. La vraie richesse c'est de faire ce dont on a envie et d'avoir le temps de le faire.
Pauvreté: de ne pas avoir le temps ou la sagesse d'arrêter la folie de la vie quotidienne pour apprécier autour de soi. Ce n'est pas une question d'argent, c'est de prendre le temps d'apprécier sa vie.
Amour toujours: Il y a beaucoup d'amours, l'amour homme-femme qui est une grande étincelle. Mais il y a aussi l'amour de la famille, de l'être humain, de la planète. L'amour est toujours basé sur le respect. On fait tous partie de la même chose, tous liés les uns aux autres.

00:18:45
Dans la musique ce qui est important c'est d'avoir assez d'argent pour acheter de nouvelles cordes de guitare! La musique on est obligé de la faire avec respect, c'est basé sur une inspiration qui oblige le respect à tout être et toute chose.

00:19:40
3 vœux: la paix sur la terre, plus de faim et de pauvreté et plus égoïstement avoir le temps pour être avec sa famille en Louisiane, et avoir une inspiration éternelle pour écrire des chansons sans cesse.

Savary, Thierry

Interview de Ray Lema

Interview du musicien zaïrois Ray Lema par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Festival des Potes, à Fribourg, le 21.11.1992.

Ray Lema explique qu'il ne se voit pas faire un autre métier que celui de musicien.
Jusqu'à l'âge de 11 ans il ne pensait pas être musicien. Il est entré au séminaire pour être prêtre et il a commencé à jouer de l'orgue, et tout est venu naturellement. Il a compris ensuite qu'il était fait pour la musique.
Dans sa famille son choix de devenir musicien n'a pas été bien accepté, il les a déçus.

00:01:45
Au Zaïre, il y a n'y a pas tout à fait la même tradition de griots que dans d'autres régions, il y des griots mais ils peuvent chanter ce qu’ils veulent.

00:02:15
Il a une influence différente des autres musiciens zaïrois. Avec son passage au ballet nationale et en voyageant dans le pays il a découvert qu'il y a beaucoup d'influences différentes que la rumba zaïroise moderne. Lui a plutôt voulu découvrir ce qui se passe dans la musique plus traditionnelle, dans l'arrière-pays.
TS pense qu'il a un côté ethnologue.
Il pense qu'il a toujours des rencontres particulières, comme pour cet album avec les voix bulgares. Il se sent humaniste.

00:04:00
Les USA ont été une grande étape. C'est là-bas qu'il a appris le métier. En Afrique le rythme des musiciens est très relax, aux USA les gens bossent! Il a appris à travailler vraiment.

00:05:00
Il a une chanson religieuse sur chacun de ses albums. Il est croyant mais n'a pas de religion définie. Il croit en la musique. La musique c'est la conscience du monde. Les musiciens ont un mot à dire. La politique est en train de faire un constat d'échec et une autre forme plus naturelle doit prendre le relai, l'art en général.
Un musicien au Zaïre, en Afrique ne peut pas faire de l'art pour l'art, il doit dire quelque chose.

00:07:00
La musique passe par le corps. Mais on a trop tendance à placer l'art ailleurs, en dehors de la vie. En Afrique tout est prétexte à chanter et danser, dans la vie courante. On doit démystifier l'artiste. Il prend l'exemple de Mickael Jackson, qui est devenu trop une star, il a été "couillonné". Il faut ramener l'artiste au niveau des hommes, qu'il soit utile.

00:08:25
Ray Lema semble avoir été préservé de ce statut. Il est toujours accueilli comme autre chose qu'un musicien, on lui parle de problèmes humains, politiques et sociaux. Il préfère être utile à sa société que juste un artiste. Il a envie d'apporter un peu de bonheur, alléger le fardeau des gens.

00:09:30
Il a voyagé en Afrique mais le travail de recherche de sons il ne l'a fait qu'au Zaïre. Mais c'est plus compliqué de voyager, faire le tour de Zaïre c'est une expédition très dure. Il est content de l'avoir fait car il a constaté que le Zaïre a 200 ethnies et c'est comme un résumé de l'Afrique.

00:11:05
TS lui demande comment il conserve un équilibre.
RL: il bouge beaucoup et cela lui permet de conserver sa santé mentale. Il a une structure autour de lui qui le protège de certains individus malveillants, et il peut rencontrer que les gens qu'il a envie de rencontrer, les grands esprits.

00:12:00
Il parle de son disque réalisé avec l'ensemble des voix bulgares. C'est une première. Il est tombé amoureux des voix de ces femmes, et inversement. Ce sont des femmes extrêmement puissantes, ce sont de grandes musiciennes mais on n'en parle pas assez.

00:13:30
La suite?
On lui propose d'aller rencontrer des chœurs sud-africains, chinois,...
La musique c'est la liberté. En ce moment il n'a plus de contrat et se sent entièrement libre.

Savary, Thierry

Interview de Tony Joe White

Interview de Tony Joe White par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Montreux Jazz Festival en juillet 1992.

Tony Joe White parle du rapport entre le jazz et sa musique. Il y a un même réalisme entre le jazz et sa musique.

Il parle de ses origines de Louisiane, du Delta. Il parle de la Nouvelle Orléans, il y a deux mondes en Louisiane. Il joue plutôt du blues du Delta.

00:01:00
Il parle de son enfance, ses parents jouaient de la musique. Il voulait être joueur de baseball jusqu'à ce qu'il découvre la guitare et le blues à 16 ans. La musique est sa vie depuis.

La musique c'est une manière de vivre, tout ce qu'il compose est en rapport avec la vie.

00:02:00
Il parle de choisir une guitare. Il n'a que des vieilles guitares, les neuves lui semble être de gros blocs de bois. Pour choisir une guitare électrique il faut écouter comment elle sonne en acoustique.

00:03:00
Le blues est éternel. Les gens y reviennent car les gens ont besoin d'une musique vraie.
Il joue du swamp blues, il a développé ce style durant de nombreuses années. Pour y arriver dans la musique et avoir un style propre, il faut s'y dédier totalement.

00:04:30
Il parle du lien entre musique et spiritualité. Il compose beaucoup dans la nature car il y ressent des choses.

00:06:00
Il ne sait jamais de quoi il va parler quand il écrit une chanson. Il peut être inspiré par n'importe quoi, c'est la liberté.
Il parle du rôle du musicien, est-ce qu'il faut passer des messages. Il pense qu'il faut surtout dire ce que tu penses et ce que tu ressens.
Il faut être honnête, sincère.

00:07:10
Il parle d'une bonne chanson. Ce n'est pas une chanson qui est dans le top 10 ou sur MTV, mais une chanson qui te fait sentir bien.

00:07:30
Il parle du fait d'avoir écrit pour d'autres, comme Tina Turner, Johnny Hallyday ou Joe Dassin. Il n'a pas vraiment composé spécialement pour eux, ce sont des chansons qui existaient déjà sur des démos. Il a beaucoup aimé Joe Dassin, sa voix. Il a été très surpris par sa mort.

00:09:20
Il parle de la différence entre jouer dans une petite ou une grande salle. Il pense qu'il y a une petite différence, dans un petit club on partage la musique tandis que devant un grand public on ne voit pas tout le monde, seuls ceux qui sont devant. On n'est pas proches. Il préfère les petites salles.

00:10:20
Il n'y a pas de sentiment de pouvoir sur scène, c'est plutôt essayer de communiquer avec des gens qui aiment ta musique. Partager quelque chose. Au contraire il peut y avoir tellement de problèmes qu'il n'y a vraiment pas du tout de sentiment de pouvoir.

00:11:15
Définitions:
Richesse: un sourire chaleureux.
Pauvreté: des yeux tristes et blessés.
L'amour toujours: les yeux et le sourire ensemble.
Emotion: suer sur scène avec une guitare et devant un public.
Terre: quelque chose à protéger beaucoup plus.

Savary, Thierry

Interview de Galliano

Interview du groupe britannique d'acid jazz Galliano par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de leur passage au Montreux Jazz Festival en juillet 1992.

Ils parlent du lien entre leur musique et le jazz. Ils ont aussi d'autres influences comme le reggae, le funk, le rap ou le country western.

Ils parlent de la diffusion de leur musique. Il n'y a pas de différence entre une musique "black" ou une autre musique, il faut connaitre les bonnes personnes.

On ne peut pas donner une définition d'une bonne chanson. C'est quelque chose qui touche à l'émotion, La musique c'est l'émotion. Chaque jour on trouve un autre type d'émotion. Parfois c'est sérieux parfois plus drôle, tout dépend de l'ambiance. On ne peut pas séparer la musique de la vie, ce qu'on vit on l'apporte à la musique.

00:01:20
Définition:
La richesse: une bonne soupe jamaïcaine.
Mais une bonne soupe ne peut venir que d'un pays pauvre. Car il faut utiliser ce qu'on a et comme il n'y pas beaucoup c'est ce qui la rend riche.
La pauvreté: il faut demander aux gens qui vivent dans la pauvreté de donner leur définition. Le manque d'argent de représente pas la pauvreté, c'est le manque de nourriture. Si quelqu'un a faim et qu'il n'a pas la liberté de faire ce qu'il veut alors il est pauvre. C'est aux pays riches de les aider, en 1992, cela ne devrait plus exister.

00:03:20
Ils parlent des voyages. Ils aimeraient beaucoup voyager et aider les gens. Voyager apprend de nouvelles choses.

00:04:00
Ils parlent de la musique dans un pays pauvre, comme la Jamaïque. Les gens croient leurs musiciens et pas leurs politiciens. Les musiciens ne volent pas les gens

Savary, Thierry

Interview de Francesco Baccini

Interview du chanteur italien Francesco Baccini par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Paléo Festival en juillet 1992. Une partie de l'interview est traduite en français par Daniela [?].

Francesco Baccini dit qu'il est né pour la musique car il ne sait rien faire d'autre. Il a commencé le piano à 9 ans, puis a fait 8 ans au conservatoire. Après il a arrêté d'écouter seulement de la musique classique et a commencé à écouter de tout et à écrire des chansons.

Il a d'autres passions comme le football comme tous les italiens. Il est supporter de Gênes. Il fait partie de la Nazionale Italiana Cantanti, une équipe de football de chanteurs avec par exemple Ramazzoti, Raf ou Carbone. Ils remplissent des stades en jouant au foot, alors que les gens ne viennent pas pour leurs concerts.
Il parle des deux équipes de Gênes. Il a écrit l'hymne pour le Genoa, donc la moitié de la ville l'aime et l'autre le déteste.

00:01:55
Il écrit des chansons avec beaucoup d'ironie. C'est bizarre pour les italiens car les autres chanteurs parlent toujours d'amour.
Il trouve qu'écrire une chanson d'amour c'est le plus difficile car elles existent depuis toujours. Quand il est amoureux et qu'il écrit une chanson d'amour, il la jette le plus souvent après 2 semaines. Mais dans chacun de ses albums, il y a toujours une chanson d'amour.

Il parle des italiens. Ils ne sont pas patriotes, ils parlent toujours mal de l'Italie. L'Italie est en train de se diviser entre régions.

00:04:00
Il vient de Gênes mais habite ailleurs. Il parle du fait que les italiens veulent diviser l'Italie et trouve que c'est triste. Les Italiens sont racistes entre eux, entre régions. Il y a beaucoup d'immigrés qui sont arrivés en Italie et ils sont mal reçus. C'est bizarre car le peuple italien est un peuple qui a beaucoup émigré.

00:05:40
Dans les années 70, les chanteurs étaient très politisés et très sérieux. Dans les années 80 c'était tellement politisé que les gens se sont distancés. La meilleure manière de dire des choses en musique c'est avec l'ironie. Il a écrit une chanson sur un politicien italien, Andreotti, et il a eu des problèmes. Il a été censuré jusqu'à ce qu'Andreotti lui écrive une lettre.

00:07:00
En Italie quand tu dis des choses tout haut, tu commences à avoir des problèmes, car le pouvoir est à la radio et la télévision. Il parle de son album "Nomi e Cognomi". Il est original car le titre de chaque chanson est un nom et prénom et ce sont des symboles. Il parle de sa chanson sur Maradona par exemple.
Il n'a demandé aucune permission avant de sortir cet album, et après il a eu beaucoup de problèmes.

Dans sa chanson sur Maradona, il le défend. Il joue au foot et dans sa vie privée il peut faire ce qu'il veut. Maradona a été pris comme un bouc émissaire, il paie pour les autres footballeurs qui font la même chose mais dont on ne parle pas. Il n'a plus de vie privée. Baccini juge le footballeur mais pas l'homme dans sa vie privée. Il a essayé de se mettre dans sa peau.
Maradona est hors classe, c'est quelqu'un qui fait du spectacle.

00:11:00
Il a gardé les pieds sur terre car il n'a jamais eu d'idole. A la fin les chanteurs sont des gens comme tout le monde, et le star system le fait rire. Il a fait ce métier car il voulait le faire, car cela lui plaisait. C'est un des chanceux qui a toujours pu faire ce qu'il voulait.
Les gens qui le connaissent savent que c'est quelqu'un de simple. Mais une fois que tu es à la TV, tout change. Il y a probablement beaucoup de jeunes filles qui viennent à ses concerts sans comprendre ce qu'il dit vraiment. Ce n'est pas grave, elles comprendront plus tard.

Les manifestations musicales en Italie sont rares et très liées à la TV. Il n'y a pas de festival comme le Paléo, car les gens ne s'intéressent plus à la musique. C'est extraordinaire pour lui de faire ce genre de manifestations.

00:14:00
Les années 80 ont effacé beaucoup de choses. Il n'y a plus de culture musicale continue. Il n'y a pas de tradition musicale, il y a uniquement la télévision et les spectacles. Si on va à la TV il faut chanter sa chanson connue sinon les gens changent de canal.
Il y avait une émission musicale, mais elle a été supprimée car il n'y avait pas d'audience.

Quelqu'un comme Paolo Conte qui est connu en France, il n'est presque pas connu en Italie. Il y un public mais petit. Et il y a des gens qui ne savent pas jouer qui deviennent des stars pour quelques mois.

Il parle du fait de jouer dans d'autres pays, il peut avoir du succès même si les gens ne comprennent pas ce qu'il dit.

00:18:15
3 vœux: avoir du succès en dehors de l'Italie, notamment en France qui a une tradition de chansonnier. Il aimerait aussi faire une chanson avec Bob Marley et Freddie Mercury mais c'est impossible.

Savary, Thierry

Interview de Jean Leloup

Interview du chanteur québécois Jean Leloup par Thierry Savary.

Enregistrée à l'occasion de son passage au Leysin Rock Festival en juillet 1992.

Jean Leloup explique que faire de la musique c'est bien car il peut voyager. Il parle de la Suisse, que tout est très suisse.
Il parle de tous les à-côtés dans le métier de musicien, qu'il n'aime pas vraiment cela.

00:01:15
Le business, dès que tu fais une chanson qui commence à marcher tu dois faire plus de promo, il n'aime pas cela mail il estime qu'il ne doit pas se plaindre.
Il s'amuse bien, il aime cela. Mais il fait et aime aussi d'autres choses, il écrit des films par exemple. Il aime aussi faire de la construction, c'est un bricoleur. Il aime beaucoup de choses.

00:02:30
Le fait de voyager c'est un privilège. Il a grandi dans un environnement pas facile, il a été très pauvre car il n'aimait pas travailler. Maintenant il peut vivre de la musique. Au Québec il est connu mais il ne gagne pas énormément mais suffisamment.

00:03:15
Il n'a pas envie de toujours produire des choses, il a des chansons prêtes mais il n'a pas dû se forcer pour les sortir. Il est assez détaché du métier, il pense que du moment que cela ne lui plaira plus il fera autre chose. Il espère ne pas trop vouloir s'accrocher au succès.

00:04.50
Il est connu au Québec, c'est fort, il s'amuse. Le public au Québec est jeune. Il y a de plus en plus de monde. Il n'aime pas parler de son métier et son succès.

00:05:40
Il joue sur l'émotion avec son public, mais il ne veut pas jouer sur l'émotion triste. Il préfère l'humour. La musique "des freaks", la caricaturale. Il ne se prend pas au sérieux et n'aime pas les gens sérieux.

00:06:30
3 vœux: il enlève les problèmes d'argent, il aimerait vivre dans un jardin avec de jolies filles et être tranquille. Il aimerait une guitare électrique dans ce jardin. Il aimerait ne pas mourir car il s'amuse trop.

Savary, Thierry

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