- CH BCUF ARCHNUMFR 6855:A:S056
- Pièce
- 03.1992
Fait partie de Archives film et son
Interview de Manu Dibango par Thierry Savary.
Est arrivé en France en mars 1949, il avait 15 ans, ses parents l'avaient envoyé faire des études, et devait aller vivre chez son correspondant. Est arrivé à Marseille après 3 semaines de bateau. Il a dû attendre son correspondant depuis 4h du matin jusqu'à 11h. Très dur même si tout s'est bien passé après.
C'était bizarre pour lui de voir tous ces blancs. Venant d'Afrique il pensait que le paradis c'était la France car ce qu'on lui avait appris.
Maintenant a pu beaucoup voyager, il se sent bienvenu partout où on l'invite, car il a son public.
L'intérêt pour le jazz est venu naturellement, et aussi car il chantait au temple, et même si on ne l’appelait pas comme ça il chantait du jazz, qui vient de la douleur du corps.
Il a habité à Paris, même si dit que c'est la capitale de la musique africaine n'est pas si rependue, il faut savoir où se trouve. Il y a eu la quantité, mais maintenant on attend la qualité.
Il parle des nouveaux arrivants de la musique africaine et du rap qui se développe. Il trouve intéressant car parle des problèmes de la banlieue, des enfants des immigrés qui ont un code commun et qui va faire un produit différent de la première génération.
Angélique Kidjo, autres jeunes, Little MC, ont travaillé avec les deux même si font pas la même chose. Comment se fait la collaboration. Les gens qui parlent entre eux, les musiciens, les impresarios...
Il a fait une école un peu, et normal que les élèves partent ensuite ailleurs.
C'est un don de pressentir que qqn a quelque chose. Il y a beaucoup de musiciens qui sont passés chez lui.
Soul Macusa, premier succès. Beaucoup changé pour lui et pour beaucoup de monde, rencontre entre les africains et les européens. Premier morceau détonateur de qqch qui était là mais que les gens ne savaient pas car on avait assimilé l’Afrique à une musique folklorique.
Ne joue pas autant qu'il voudrait en Afrique car cela coute trop cher, et l’Afrique n’a pas besoin de ça. Mieux d'aller jouer pour des causes.
N’aime pas jouer pour les causes car cela veut dire qu'il y a un besoin, mais il y va car il y a besoin
Saxophone est un langage, c'est extraordinaire quand les gens reconnaissent que quelques notes c'est de soi. Trouver sa voix que les gens comprennent c'est toute une vie. Problème pour un artiste c'est ça, de faire entendre sa voix, instrument comme instrument d'une pensée, véhicule de pensée et d'images, de couleurs.
Histoire dans la musique, parle plutôt de la vie quotidienne, images qu'il essaie de faire passer.
Racisme à l'envers dans la musique, les gens qui disent que les blancs ne peuvent pas jouer de la musique dite noire comme du jazz ou du blues car ressentent pas.
Les blancs avec un sentiment de culpabilité qui disent ça.
En France collabore avec beaucoup de chanteurs d'expression française. La Rochelle a fait la fête à Manu. Les vrais artistes se reconnaissent. Le seul problème d'un artiste c’est d'être au service de la musique. On ne prend pas un musicien dans son groupe pour sa couleur mais parce qu'il est bon.
L'être humain aime bien classer les choses.
Cameroun son pays, n’a pas gagnée la coupe d'Afrique, n'est pas triste. Cameroun a amené beaucoup de médias en Afrique et ça a servi.
De plus en plus de footballeurs africains dans les clubs de foot français.
La scène représente l'une des expressions les plus fascinant et les plus difficile pour un artiste. Si enregistre un album en direct fait peur, met une grosse pression. Il faut être le plus sincère possible. Même s’il y a le mixage en studio après.
30 ans de carrière, probablement une soixantaine d'album. Dur de faire des choix, les membres du groupe qui donne des idées, les gens ne reçoivent pas tous les morceaux pareils. Il faut se faire une liste de 12 morceaux, pour qu'il y ait une progression dans le concert. Exercice très dur.
A travaillé avec beaucoup de monde, entre autres Bill Laswell, il a pu voir comment travaille, ses idées pour quelques albums. Univers très froid, mais ne lui plait pas plus que ça.
Rêves: évidemment , tout le monde rêve, à des choses qu'il va faire, des musiques, par qui sera jouée, comment combiner. Peut rêver même si on a du succès.
Savary, Thierry